L'écologie industrielle est une stratégie de développement territorial au service du développement durable, explique Dimitri Coulon, coordinateur du projet. Il s'agit de s'inspirer du fonctionnement des écosystèmes naturels pour faire en sorte qu'à l'échelle du système industriel, soit créé un flux de matières et d'énergie.
A l'échelle locale, un certain nombre de synergies industrielles et organisationnelles peuvent ainsi être créées pour que, par exemple, les déchets d'une entreprise deviennent les ressources d'une autre. Trois types de synergie interentreprises peuvent être mises en place : une synergie de mutualisation (de l'approvisionnement, du traitement des déchets…), une synergie de substitution (utilisation des flux sortants d'une autre entreprise comme ressource) et enfin une synergie organisationnelle. Il s'agit de créer une économie circulaire, commente Dimitri Coulon. La proximité des acteurs crée un potentiel d'organisation environnementale.
L'écologie industrielle est un champ disciplinaire récent, même si quelques expériences au Danemark, en Australie ou aux Etats-Unis ont ouvert la voie et souligné l'intérêt d'une telle démarche.
Cette approche systémique de l'écologie constitue en effet une des solutions à la recherche de l'optimisation et de la valorisation des ressources : les systèmes d'organisation sont à travailler en priorité, note Philippe Freyssinet, responsable du département Energie Durable et Environnement à l'ANR, il ne faut pas limiter la recherche aux innovations technologiques. Les problèmes rencontrés aujourd'hui sont davantage organisationnels que technologiques. La rupture ne viendra donc pas forcément de la technique.
Le projet COMETHE vise à donner à cette discipline émergente, les outils de mise en œuvre d'une telle démarche. Nous avons très peu d'expérience dans ce domaine. Nous avons besoin d'outils pour avancer dans cette démarche, commente Dimitri Coulon. Avec le projet COMETHE, c'est la première fois que ce sujet est reconnu en France.
Le projet a été focalisé sur les zones d'activités économiques, qui constituent un vivier en France en matière d'écologie industrielle. Mais cette démarche peut également être appliquée à d'autres échelles, comme celle de la ville par exemple ou du canton, comme cela est envisagé en Suisse.
Porté par un consortium de 16 partenaires, impliquant acteurs locaux, collectivités territoriales et laboratoires de recherche, ce projet repose sur l'interaction entre un volet recherche/conception et un volet opérationnel. L'expérimentation de démarches d'écologie industrielle sur un panel varié de parcs d'activités permettra de progresser dans la connaissance et le traitement des aspects technico-économiques, réglementaires, environnementaux et socio économiques de telles démarches. L'objectif est d'aboutir à la production d'un outil complet d'aide à la décision qui réponde autant aux besoins des entreprises, qu'aux gestionnaires de parcs d'activités, aménageurs et collectivités territoriales.
Sept territoires pilotes ont été retenus : le site fluvial et industriel du Pouzin (Ardèche), la ZI de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), la ZI de Dunkerque (Nord), le technopôle Savoie-Technolac (Savoie), le bassin industriel du Nogentais, le parc d'entreprises du Grand Troyes et le parc d'activités de Torvilliers (Aube). Ils ont été sélectionnés pour offrir une typologie représentative des parcs d'activités français et se déclinent en 3 catégories : les territoires vierges de toute expérimentation, les territoires en requalification et les territoires avancés dans la construction de politiques de développement durable. Chaque territoire développera sa propre méthodologie, selon ses caractéristiques propres.
A terme, COMETHE devrait favoriser le déploiement de la démarche d'écologie industrielle à l'échelle nationale. Le potentiel est large : la France compte entre 25.000 et 32.000 parcs d'activités.