« Après près d'une décennie de hausse, la tendance à la baisse observée depuis 2019 est confirmée par les chiffres provisoires des ventes en 2021, avec un volume de produits phytopharmaceutiques de synthèse vendus sur la période 2019-2021 au plus bas depuis 2009 et le début du plan Écophyto », se félicite le ministère de l'Agriculture, à l'occasion de la publication des données sur les ventes de pesticides. Pourtant, à la lecture des chiffres, la tendance à la baisse n'est pas si franche. Hormis pour les produits les plus dangereux, progressivement interdits à l'échelle européenne.
Des ventes et des utilisations à la baisse mais…
Pour l'année 2021, les données sont issues des déclarations réalisées début 2022 et sont encore provisoires. Près de 43 000 tonnes ont été vendues, hors produits utilisables en agriculture biologique et produits de biocontrôle. Soit 0,7 % de plus qu'en 2020, mais en baisse de 19 % par rapport à la moyenne de la période 2012 à 2017.
Le nombre de doses unités (Nodu), qui indique la surface agricole traitée aux doses maximales homologuées, est également en baisse, retrouvant les niveaux des années 2010-2011. Il s'établit à 88,5 millions d'hectares (Mha) en 2020 et à 85,7 Mha en 2021 (données provisoires). « On assiste donc à un repli, après une grosse dégradation de la situation entre 2012 et 2018, mais en restant à des niveaux élevés et supérieurs à ceux de début de plan [Ecophyto]. Il est donc beaucoup trop tôt pour parler de succès du plan, loin de là… », estime Générations futures. Le plan Ecophyto 2+ vise à réduire de moitié l'utilisation des pesticides entre 2015 (Nodu agricole de 100,2 millions d'hectares) et 2025.
Générations futures précise, par ailleurs, que le Nodu ne prend en compte ni les produits de traitement des semences ni les produits de biocontrôle. « Les chiffres de Nodu fournis rendent donc de moins en moins bien compte de l'usage global réel de l'ensemble des substances au fil des années… », regrette l'association.
Baisse d'utilisation des CMR, hausse pour le glyphosate
Le Nodu pour le glyphosate est, quant à lui, en hausse, à 4,3 millions d'hectares en 2020. Soit le Nodu le plus élevé depuis 2009, en dehors de l'année 2018 (4,6 millions d'hectares). En revanche, le Nodu pour les substances cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) est en baisse de 87 % pour les CMR1, dont le potentiel est avéré ou présumé, et de 36 % pour les CMR2, dont le potentiel est suspecté. « Les baisses constatées s'expliquent en partie par l'effort européen de ne pas autoriser la vente et l'utilisation des substances actives considérées comme les plus préoccupantes », analyse le ministère.