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Stratégie hydrogène vert : « sept milliards d'euros pour faire de la France le leader européen »

Bruno Le Maire et Barbara Pompili ont présenté la nouvelle stratégie hydrogène du Gouvernement qui vise à lancer une filière industrielle en France. Une ambition saluée par les acteurs qui doivent désormais honorer le rendez-vous et monter les projets.

Energie  |    |  F. Roussel
Stratégie hydrogène vert : « sept milliards d'euros pour faire de la France le leader européen »
Actu-Environnement le Mensuel N°406
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°406
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« Une stratégie à sept milliards pour gagner un pari technologique. Sept milliards pour être les meilleurs en Europe ». Telle est l'ambition de Bruno Le Maire et Barbara Pompili en présentant ce mardi 8 septembre la « Stratégie nationale pour le développement de l'hydrogène décarboné en France ». Face aux acteurs de la filière réunis par l'Afhypac, les ministres de l'Économie et de la Transition écologique ont détaillé les objectifs, les outils et les canaux de financement qui vont s'activer au cours des deux prochaines années pour « repousser une frontière technologique afin de respecter les limites naturelles  de la planète », selon Barbara Pompili. Bruno Le Maire en est convaincu : « Nous avons les atouts industriels et les entreprises pour créer une filière française pourvoyeuse d'emplois et de valeur ajoutée ».

Pour organiser cette dynamique, Bruno Le Maire va prendre la tête d'un Comité national de l'hydrogène au sein duquel se retrouveront tous les acteurs de la filière. Le Gouvernement va également mettre en place une task force interministérielle pour mener à bien la stratégie en interne.

Construire et installer des électrolyseurs en France

Cette nouvelle stratégie hydrogène vise à installer suffisamment d'électrolyseurs pour apporter une contribution significative à la décarbonation de l'économie. Le Gouvernement vise une capacité de production d'hydrogène de 6,5 GW d'ici 2030. Parmi les différents procédés, la stratégie retient l'électrolyse car elle apparaît « comme le plus prometteur et la France dispose déjà d'industriels à fort potentiel », justifie le Gouvernement. Mais les autres formes de production d'hydrogène renouvelable seront aussi accompagnées.

A l'image de « l'airbus des batteries » qui est en train de prendre forme, la France entend construire un « airbus des électrolyseurs » en faisant émerger des projet de giga factory dans le cadre d'un Projet important d'Intérêt européen commun (PIIEC/IPCEI). La France y consacrera une dotation financière de 1,5 milliard d'euros.

Soutenir la consommation d'hydrogène dans l'industrie

Pour éviter le syndrome de l'œuf ou la poule, la stratégie veut encourager la consommation d'hydrogène vert. Premier axe : l'industrie. Surtout celle du raffinage qui consomme de l'hydrogène pour désulfurer les carburants. La direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) prépare un mode de soutien spécifique à ce secteur. Ce dernier sera exempté de taxe s'il intègre de l'hydrogène vert dans ses process. « Ces dispositions seront présentées en loi de finances 2021 pour une mise en œuvre en 2023 », a précisé Laurent Michel, directeur de la DGEC. Cette dernière espère encourager la substitution d'hydrogène fossile par de l'hydrogène vert à hauteur de 20 000 tonnes, pour un secteur qui en utilise 145 000.

Un mécanisme de garanties d'origine verra aussi le jour pour valoriser l'hydrogène décarboné par rapport à l'hydrogène produit à partir de combustibles fossiles. Et pour compenser le surcoût de la production d'hydrogène vert, un dispositif de soutien de type « appel d'offres + complément de rémunération » appuiera l'investissement, à l'image de ce qui a été mis en place dans d'autres filières d'énergie renouvelable. « A ce jour, l'écart de prix entre l'hydrogène électrolysé et l'hydrogène classique est important. Il peut se combler par un prix du carbone mais en attendant, il faut des aides », justifie Laurent Michel. La DGEC mise sur un soutien versé sur 15 ans, à un volume de projets représentant une production de 90 000 tonnes d'hydrogène pour un budget de 325 millions d'euros par an pour 2022 et 2023. Soit un soutien aux alentours de 7 euros du kg d'hydrogène produit. « La concertation avec les parties prenantes va être lancée avec pour objectif de notifier ces aides d'État à la Commission européenne rapidement et permettre une mise en place pour 2021 », a précisé Barbara Pompili. Les premiers appels d'offres seraient ouverts début 2022 pour une première sélection de projets au cours du second semestre 2022.

Soutenir la consommation dans la mobilité lourde

« L'hydrogène répond aux besoins de fortes puissances motrices ou aux besoins de longue autonomie, notamment pour les flottes captives parcourant de longues distances à flux tendus », estime le Gouvernement. C'est pourquoi sa stratégie vise particulièrement la mobilité lourde pour le transport de voyageurs et de marchandises. Utilitaires, poids lourds, trains, avions, bus, navettes fluviales…, tout est visé. Un appel à projets (AAP) « Briques technologiques et démonstrateurs » sera lancé pa l'Ademe pour développer tous les composants et systèmes liés à la production et au transport d'hydrogène, et à ses usages. Cet AAP est doté de 350 M€ jusqu'en 2023.

Afin de mutualiser les usages de l'hydrogène, un autre AAP sera lancé pour créer des écosystèmes territoriaux. D'ici la fin de l'année, l'Ademe lancera l'AAP « Hub territoriaux d'hydrogène » pour sélectionner des consortiums réunissant des collectivités et des industriels fournisseurs de solutions pour favoriser au maximum les économies d'échelle. Cet appel à projet sera doté de 275 M€ d'ici 2023.

Selon son directeur, Laurent Michel, la DGEC est en train de caler des aides fiscales supplémentaires pour l'achat de véhicules lourds fonctionnant à l'hydrogène.

Vers un campus de l'hydrogène

Afin de faire émerger les innovations nécessaires à la réussite de cette stratégie, un budget supplémentaire de 65 millions d'euros sera orienté vers la recherche sur l'hydrogène par l'Agence nationale de la recherche (ANR). Ce programme de recherche prioritaire sera co-piloté par le CEA et le CNRS.

L'emploi est également un objectif de la stratégie gouvernementale avec, en ligne de mire, le développement des compétences et la création, à terme, de 50 000 et 150 000 emplois directs et indirects dans ce secteur. Afin de former à tous les niveaux, le Gouvernement appelle à la création d'un ou plusieurs campus de l'hydrogène qui regrouperaient les lycées professionnels, les universités et les écoles d'ingénieurs au sein d'un même lieu. « L'enjeu est de proposer des formations et des qualifications pour former des techniciens à intervenir sur les électrolyseurs, des ingénieurs, des responsables QHSE ou encore des pompiers », détaille Bruno Le Maire.

En attendant, un recensement de toutes les formations déjà existantes est en cours.

A la recherche de projets

Sur les 7 Md€ promis, 3,4 Md€ seront alloués au cours des deux prochaines années : 54 % pour l'industrie, 27 % pour la mobilité, 19 % pour la recherche et l'innovation. Les porteurs de projets vont ainsi pouvoir frapper à la porte de l'Ademe, de BPI France, de l'Agence nationale de la recherche ou encore de la Caisse des dépôts pour innover, industrialiser ou créer des écosystèmes territoriaux autour de l'hydrogène. « Sur les 7 milliards, nous envisageons de mobiliser 50 % de ce montant d'ici 2023. Ca va démarrer vite », prévient Karine Vernier du secrétariat général pour l'investissement.

Du côté de l'Ademe, 150 millions d'euros vont pouvoir être débloqués dans les mois à venir selon des modalités déjà éprouvées : subventions, prêts bonifiés, avances remboursables. « Il va falloir des projets, prévient Arnaud Leroy, président de l'agence. Mais ce ne sera pas open bar. On ira chercher projets qui ont une utilité sociétale et industrielle ». Du côté de BPI France, on mise également sur les modes de financement habituel. « Il faut mettre du carburant dans les tuyaux déjà créés, explique Nicolas Dufourq, son directeur général. Avances remboursables, prêts à l'innovation, capital amorçage, capital risque, appels à projets…, ce sont des outils extrêmement efficaces. Il n'y aura pas de rationnement budgétaire. Il faut juste trouver les entrepreneurs », explique-t-il.

Les acteurs de la filière, se disent prêts à relever le défi. « Des 100 millions d'euros initiés par le plan hydrogène de Nicolas Hulot, on bascule vers une autre échelle avec une visibilité à 10 ans mais aussi des exigences d'emploi et de création de valeur, c'est un véritable défi industriel » estime Christelle Werquin, déléguée générale de l'Afhypac.

Réactions10 réactions à cet article

si ils font ça uniquement pour décarboner l'économie on va encore une fois droit dans le mur. il faut diversifier les sources d'énergies, la méthanisation est le process le moins couteux en énergie grise.
Le CO2 n'est pas un polluant, le principal gaz à effet de serre c'est la vapeur d'eau (60% contre 26% pour le CO2, source GIEC), alors si on suit leur logique après il faudra retirer l'eau de l'atmosphère ???


L'atmosphère a deux effets indissociables : l’effet de serre et l'effet parasol ! l'effet parasol nous protège la journée (sinon la température atteindrait + 150°c) et l'effet de serre nous protège la nuit (sinon la température serait à -168°c) . Si on assiste à de fortes canicules l'été c'est justement par manque de vapeur d'eau et par manque d’évaporation (donc manque de végétation sur les continents). on mesure 20°c d'écart entre un champ vert et un champ sec l'été, un champ irrigué l'été a le même impact sur le climat qu'une foret ! il faut planter des arbres pour le long terme mais à court terme il faut végétaliser en gardant de l'eau l'hiver !

laurent | 09 septembre 2020 à 09h44 Signaler un contenu inapproprié

L'hydrogène sous forme de méthane est un bon moyen de stocker l'excédent de production PV ou éolienne (et autres ENR). En effet le méthane ainsi produit est vert (bilan CO2 neutre) et le réseau gaz existant permet de le brûler en lieu et place du gaz naturel (émetteur de CO2). Mais utiliser les réacteurs nucléaires pour produire cet hydrogène seul serait plutôt néfaste à plus d'un titre; d'abord parce que le nucléaire a trop d'inconvénients graves, ensuite parce que l'hydrogène est un gaz à la fois très explosif et très difficile à stocker longuement. Comme toujours focaliser sur une technologie sans la mettre réellement au centre du débat écologique est forcément foireux.

olibio | 09 septembre 2020 à 11h00 Signaler un contenu inapproprié

Très Bien ces perspectives pour booster l'H2 vert !
Donc max Boost sur la mise en place d'électrolyseurs alimentés par des EnR éoliennes, solaires-PV-sol mais aussi hydro ! (voir l'exemple d'1 projet allemand d'électrolyseur McPhy pilote sur une Passe-à-Poissons sur le Rhin du Sud, à Whylen).
Par contre, en // avec l'approche "électrolyseurs",
ne pas perdre de vue la solution "gazeification-thermolyse" de biomasse, bois, chanvre ou autres, telle que lancée en pilote, par Haffner-Energies ds le Grd Est et par Qairos-Energy en Sarthe (72)... Cette solution est annoncée économiquement comparable à l'électrolyse.
Last not Least: H2 dérivé de méthane fossile donnant beaucoup de CO2, dès à présent, y associer ASAP une solution Captage-Capture du CO2, réduirait les nuisances GES.
Incitation par pénalité C sur le CO2 engendré par cet ancien process !
YA+KA
Salutations
Guydegif(91)

Guy | 09 septembre 2020 à 11h27 Signaler un contenu inapproprié

Ce n'est pas parce qu'on peut réaliser une production de dihydrogène à partir de l'électrolyse de l'eau qu'il faut la faire. C'est coûteux en énergie électrique et il n'y a aucun moyen d'y échapper. Et plus on va aller chercher à multiplier les transformations/réactions chimiques plus le rendement global sera mauvais, et la facture encore plus lourde, Dossier explosif ! pour cette petite molécule H2 qui fait un mélange hautement explosif avec O2. Après les très mauvaises idées de faire brûler du bois dans les centrales thermiques, et chaudières bois industrielles en ville, les agrocarburants qui consomment plus de d'énergie à fabriquer qu'on en récupère, les usines à bouse de vache et le biogaz ..
Toutes ces nouvelles idées de projets des " acteurs " semblent destinées à capter des milliards d'€ et pour quels résultats ? On ne parle pas d'évaluations de ces projets, ce n'est pas dans la culture ADEME pour qui EVALUATION est même un gros mot.
Le problème majeur va être de produire en France suffisamment d'électricité au fur et à mesure que l'on va devoir fermer des réacteurs nucléaires - des GW qui vont manquer !! ), qui deviennent hors d'âge et très dangereux. Réacteurs nucléaires dont on a perdu le savoir-faire sans pour cela connaître le savoir dé-faire. Pénurie ELEC alors qu'on voudrait nous faire acheter des voitures électriques en mettant à la casse nos moteurs thermiques diesel qui n'ont consomment 4L/100 km avec autonomie de 1200 km !

J Cl M 44 | 09 septembre 2020 à 12h20 Signaler un contenu inapproprié

Ce qui est proposé pour l’hydrogène « renouvelable » conduira à une perte de 70 % de l’énergie électrique utilisée. En outre, les installations éoliennes et solaires ne produisent que pendant l’équivalent de 11 semaines par an et donc les lourds investissements à consentir pour électrolyser l’eau nécessaire à la production d’hydrogène ne fonctionneraient que 20 % du temps. C’est industriellement impossible. L’hydrogène n’est pas du tout nécessaire pour la politique énergétique et surtout il s’agit d’un gaspillage inadmissible d’énergie. Mais cela, nos gouvernants ne le comprennent pas parce qu’ils ne connaissent pas les lois de la physique.

jipebe29 | 10 septembre 2020 à 09h25 Signaler un contenu inapproprié

) Mme Pompili était très fière de sa loi sur les néonicotinoïdes, mais elle n’avait fait aucune analyse sur les conséquences désastreuses de cette loi. On a vu ce que cela a donné et le gouvernement a donc dû faire marche arrière. Chaque fois que des verts lancent un projet pour des raisons idéologiques, on est sûr que celà va foirer et coûter plein de pognon aux ménages. Donc cette utopie de l’hydrogène vert, déconnectée des lois de la physique et du Réel, ce sera un bide de plus... à nos frais...

jipebe29 | 10 septembre 2020 à 09h27 Signaler un contenu inapproprié

Miser sur l'hydrogène est une bonne option même si on a pris dix de retard par rapport à l'Allemagne.
Cela peut être rentable si l'on utilise massivement l'électrolyse de l'eau avec l'électricité des centrales nucléaires. Mis à part la filière actuelle qui doit être progressivement abandonné, tous les autres moyens de production d'hydrogène sont anecdotiques pour ne pas dire dérisoires.

glaudius92 | 10 septembre 2020 à 10h51 Signaler un contenu inapproprié

@Guy : la seule façon de capter massivement et naturellement du CO2 c'est la photosynthèse ! mais pour cela il faut donner aux agriculteurs l'eau qui leur revient de droit au lieu de la gaspiller en ville !

laurent | 10 septembre 2020 à 14h18 Signaler un contenu inapproprié

&glaudius: l'H2 pur présente peu d'intérêt; le méthane un peu mieux; stocker sous forme CH4 le surplus d'énergie éolienne, pas mauvais quoique le rendement ne soit pas bon; par contre électrolyser avec l'électro-nucléaire, c'est carrément un gâchis !

olibio | 10 septembre 2020 à 17h19 Signaler un contenu inapproprié

@Laurent:
OK, OUI MAIS...., pour le rôle essentiel de la photosynthèse à travers les puits de C qu'est la végétation, arbres et +.
Mais à noter que la photosynthèse ne marche que qd il y a des feuilles, pour les feuillus et il n'y en a PAS de Octobre à Avril,
certes aussi avec les aiguilles pour les conifères, ds une moindre mesure, ainsi que les surfaces vertes de prairies, et autres maïs, et autres, mais là aussi c'est saisonnier.
Pour compléter ces actions de la photosynthèse qd pas de feuilles ou pas de verdure, ou ds les centres villes minéraux, bétonnés ou bituminés, sans arbres et sans végétation, il faut se donner d'autres moyens de Puits de Carbone:
- cas des Puits de C de Suez -Fermentalg,(voir leurs sites) avec capture du CO2 pour en abreuver des micro-algues. Rapport Inéris très positif et très encourageant. YA+KA monter en cadence !
- cas de ClimeWorks (CH), qui capte de CO2 de l'atmosphère avec des puissants aspirateurs et filtres. (voir leur site)
- cas du pilote capture-CO2 à la source d'émission sur site Arcelor-Mittal Dunkerque, fort prometteur.
Donc, Laurent, la photosynthèse, OUI, mais faut un peu épauler celle naturelle, liée aux seules forêts, prairies et autres....
Salutations
Guydegif(91)

Guy | 14 septembre 2020 à 14h45 Signaler un contenu inapproprié

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