"Il sera difficile de tenir l'objectif de ramener la part du nucléaire à 50% en 2025" sauf "à relancer la production d'électricité à base d'énergies fossiles", a déclaré Nicolas Hulot, à l'issue du conseil des ministres du 7 novembre. "Si nous voulions, comme la réalisation d'un totem, s'acharner sur cet objectif en le maintenant à 2025, nous ne pourrions pas simultanément sortir des énergies fossiles, fermer les centrales thermiques, fermer les centrales à charbon en 2022", a ajouté le ministre d'Etat à la Transition écologique et solidaire. Il a cependant réaffirmé la volonté du gouvernement de réduire la part du nucléaire à 50% "le plus rapidement possible". "Dans l'année qui vient, nous allons très concrètement regarder le nombre de réacteurs qu'il faudra fermer, le planifier sur des critères de sûreté, des critères de sécurité, des critères économiques et des critères sociaux. Je nous donne un an". Il a rappelé que pour atteindre l'objectif de 50%, il faudrait fermer entre 17 et 25 réacteurs.
Cette décision intervient alors que le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE a présenté à la presse ses scénarios électriques, de l'hiver prochain à 2035. RTE rappelle que le système électrique français atteint à peine l'équilibre jusqu'en 2020 et, qu'à l'horizon 2022, il faudra choisir entre la fermeture des centrales à charbon et l'arrêt des réacteurs nucléaires atteignant les quarante ans de fonctionnement (au nombre de quatre). Quant à l'objectif de réduire la part du nucléaire à 50% d'ici 2025, celui-ci ne serait atteint qu'au prix d'un doublement des émissions de CO2 du système électrique. En revanche, d'ici 2030-2035, cet objectif est envisageable, avec un développement massif des énergies renouvelables, estime le gestionnaire de réseau.
Accélérer sur l'efficacité énergétique et les ENR
Ces scénarios constituent une "base pour travailler plus finement sur la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), qui doit être finalisée d'ici la fin de l'année", a indiqué Nicolas Hulot. Cette programmation vise l'atteinte de quatre objectifs, rappelés par le ministre d'Etat : sortir des énergies fossiles et décarboner le système énergétique, réduire les consommations énergétiques, développer les énergies renouvelables et ramener à 50% la part du nucléaire dans la part de production électrique. "Le bilan proposé par RTE donne plusieurs enseignements importants. Le premier, c'est que notre politique d'efficacité énergétique porte déjà ses fruits, elle doit être confortée. On doit aller plus vite, notamment dans la rénovation des logements. On va d'ailleurs soumettre à la concertation dès jeudi prochain notre plan rénovation". Nicolas Hulot a rappelé les objectifs inscrits dans la loi de transition énergétique : réduire la consommation énergétique de 30% d'ici 2030 et la diviser par deux d'ici 2050.
Sur les énergies renouvelables, le ministre veut s'appuyer sur un "green new deal" pour accélérer et amplifier leur déploiement. Il faudra pour cela lever "les verrous qui s'opposent encore sur notre territoire au développement des énergies renouvelables" et "abonder la recherche sur le stockage des énergies intermittentes".