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Actu-Environnement

Les consommateurs européens plébiscitent les produits à durée de vie longue

Tandis que les procès se multiplient à l'encontre des industriels qui programment l'obsolescence des produits, une étude souligne que les consommateurs sont prêts à payer davantage pour conserver plus longuement leurs objets.

Déchets  |    |  A. Sinaï

Selon une étude (1) relative aux effets potentiellement induits sur les consommateurs par l'affichage de la durée d'utilisation des produits, publiée en mars 2016 par le Comité économique et social européen (Cese), la mention de la durée de vie a une influence sur les décisions d'achat. En France, ces augmentations de ventes se situeraient entre +18% et +28% des parts du marché virtuel proposé sur un site de simulation de vente en ligne créé pour cette enquête, qui a porté sur un échantillon de 2.917 participants répartis sur quatre régions européennes différentes (France, Espagne, République Tchèque et Benelux). En moyenne, les ventes d'un produit sur lequel est affichée une durée de vie supérieure aux produits concurrents ont augmenté de 13.8, calculent les co-auteurs de cette étude, conjointement menée par l'agence Sircome, l'Université de Bretagne Sud et l'Université de Bohème du Sud (République Tchèque) pour le compte du Cese.

Cette étude est vouée à alimenter la préparation du "package" économie circulaire conduit par la Commission européenne. Elle s'inscrit dans un contexte d'émergence du délit d'obsolescence programmée. Dans plusieurs pays, la société civile et certains élus combattent ce système : class actions aux États-Unis contre Apple, plainte déposée au Brésil, dépôt de loi en Belgique et en France début 2013.

Dans un avis  (2) daté du 17 octobre 2013 sur la durée de vie des produits, le Cese notait : "L'obsolescence programmée apparaît liée au mode de production industrielle qui a besoin d'un taux de renouvellement minimal de ses produits. Si ce renouvellement des produits peut apparaître nécessaire, certaines dérives doivent être combattues. Le Comité économique et social européen distingue bien la défectuosité calculée sciemment et l'accélération de nos modes de consommation".

Restaurer la confiance envers les industriels

Le Cese émet le souhait d'une interdiction totale des produits pour lesquels la défectuosité est calculée afin de provoquer la fin de vie de l'appareil. Plus globalement, c'est à un soutien fort au volet social et aux entreprises de réparation que le Cese en appelle au travers de son avis : "La démarche pour une amélioration de la confiance entre l'entreprise et ses publics doit être considérée plus particulièrement dans les possibilités de soutien à l'emploi qu'elle peut générer. Le Cese estime que l'amélioration de la qualité et de la durabilité des produits manufacturés sera créatrice d'emplois pérennes en Europe et doit donc être encouragée. Cette évolution, accompagnée de formations adéquates, participera à la sortie de crise qui affecte durement les salariés européens".

Pour Thierry Libaert, membre du Cese au titre de la société civile et auteur de cet avis d'octobre 2013, il y a une vraie attente de la part des consommateurs européens. Les syndicats eux-mêmes ont pris la mesure du problème : "Au point que la proposition, formulée à l'issue de cet avis, de créer un observatoire européen sur l'obsolescence programmée a été votée à la quasi unanimité par le Cese".

Des consommateurs influençables

L'étude relative à l'impact de l'affichage de la durée de vie des produits sur le comportement des consommateurs fait suite à cet avis du Cese. Il s'agit de savoir si l'affichage de la durée de vie des produits est susceptible d'influencer les décisions d'achat. Une expérimentation a été conçue à partir d'une simulation d'achat en ligne sur un faux site d'e-commerce, sur la base de quatre modalités d'affichage mentionnant la durée de vie, sur neuf types de produits (valise, imprimante, cafetière, aspirateur, smartphone, pantalon, chaussures de sport, TV, lave-linge). Une fois leur panier validé, les participants étaient redirigés vers un questionnaire qui permettait de mesurer des indicateurs socioéconomiques ainsi que des variables psychosociales.

Il en ressort que les valises et les imprimantes sont les produits sur lesquels l'affichage a la plus grande influence. La valise est d'ailleurs le seul produit pour lequel l'affichage a eu un effet sur les quatre territoires de l'expérience. Parmi les produits sur lesquels l'affichage a eu un effet, le Smartphone est celui sur lequel l'influence a été la moins forte. "Cette moindre influence peut être due aux évolutions rapides que connaissent les smartphones", note l'étude.

Prêts à payer plus cher pour des produits plus durables

La principale révélation de cette enquête est que l'affichage de la durée de vie influence les décisions d'achat quel que soit le prix des produits. Les analyses par gamme de prix montrent des résultats variables selon les régions. Cependant, 90% des participants déclarent être prêts à payer plus cher pour avoir un produit similaire (lave-vaisselle) avec une durée de vie supérieure de deux ans. En moyenne, ils déclarent être disposés à payer 102 € de plus pour cette garantie sur un lave-vaisselle dont le prix d'achat se situerait entre 300 et 500 €.

Autre point saillant, les résultats montrent un effet inverse de l'âge. Autrement dit, plus les personnes sont jeunes et plus elles favorisent les produits à durée de vie élevée. On observe également une plus forte proportion de femmes qui s'oriente vers ces produits. En outre, plus les personnes sont diplômées et plus elles choisissent les produits labellisés longue durée. "Pour autant, les caractéristiques socioéconomiques ne se présentent pas comme de puissants prédicteurs de la décision d'achat", note l'étude. Pour la majeure partie des participants, les fabricants sont identifiés comme les premiers responsables de la durée de vie des produits, plus que les utilisateurs et autres intermédiaires.

Un enjeu éthique

Pour Thierry Libaert, "il y a bien un effet de l'affichage de la durée de vie des produits. Il reste à faire une étude économique sur le sujet. La lutte contre l'obsolescence programmée n'est pas contradictoire avec la logique de croissance, selon les indicateurs que l'on prend en compte et dans le contexte de l'émergence de l'économie circulaire. On ne peut y parvenir que si l'on a un minimum de modèle économique, prenant en compte, par exemple, le modèle d'une prospérité sans croissance" .

Le Cese estime que "les raisons pour lesquelles l'Union européenne doit se saisir du sujet de l'obsolescence programmée sont nombreuses, elles sont de nature environnementale, sociale, santé publique, culturelle mais aussi économique. Des aspects plus intangibles mais tout aussi importants selon nous doivent également être considérés, il s'agit des niveaux symboliques et éthiques". Au plan environnemental, aujourd'hui, avec une consommation annuelle de matières premières d'environ 60 milliards de tonnes, l'Europe utilise environ 50% de ressources naturelles de plus qu'il y a 30 ans. Un Européen consomme ainsi 43 kilogrammes de ressources par jour, contre 10 kg pour un Africain.

1. Consulter l'étude
http://www.eesc.europa.eu/?i=portal.fr.publications.39051
2. Consulter l'avis<br />
http://www.eesc.europa.eu/?i=portal.en.ccmi-opinions.26788

Réactions1 réaction à cet article

Avec l'égoïsme, la bêtise est la denrée planétaire la mieux partagée mais le contraire eut été encore plus inquiétant

La question est alors "Une longue vie uniquement à l'état natal ou grâce à des facilités de réparation, sinon d'auto-réparation" ?

Ça change beaucoup la bonne intégration et exploitation de cette info

NB. Je me permets toutefois de suggérer à Mme Sinaï pour son prochain titre d'ajouter judicieusement "interrogés" derrière "consommateurs"

Sagecol | 20 avril 2016 à 10h13 Signaler un contenu inapproprié

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