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Actu-Environnement

Stéphane Le Foll veut relancer la dynamique du plan Ecophyto

Si le ministre ne remet pas en cause l'objectif de réduction de moitié de l'usage des pesticides d'ici 2018, il propose de réorienter le plan Ecophyto, dont il fait un bilan mitigé, en cinq axes pour optimiser son efficacité.

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a présenté ce mardi 9 octobre un point d'étape du plan Ecophyto visant à réduire "si possible" de moitié l'usage des pesticides en France d'ici 2018. Un objectif chiffré maintenu même s'il "constitue un très important défi" pour l'atteindre, a souligné le ministre. Dans les faits, le recours aux phytosanitaires continuerait d'augmenter : "en 2011, il a progressé de 2,5%", a-t-il déploré devant la presse. Face à ce constat, alors que le ministre avait estimé fin juillet dernier, devant les sénateurs de la mission d'information commune sur les pesticides, que les 50% de réduction fixés semblaient hors de portée, M. Le Foll a souligné "l'importance d'engager une nouvelle étape" du plan afin d'"arriver à convaincre les agriculteurs qu'on peut produire autant en réduisant les pesticides". L'enjeu étant de parvenir à mettre fin aux "freins à la diffusion des nouvelles pratiques" en faveur d'une agriculture "performante, écologiquement et économiquement".

Un bilan "mitigé"

Précisions du ministre sur le groupe de travail dédié à la question du conseil agricole.
Si le ministre a fait état d'un bilan "mitigé", plus de trois ans après le lancement d'Ecophyto, il s'est toutefois félicité des avancées d'"actions concrètes engagées" sur les 114 prévues dans le plan. Parmi elles, le réseau de fermes pilotes Dephy dédié à la démonstration et à la production de références sur les systèmes économes en produits phytopharmaceutiques est "aujourd'hui totalement déployé" avec 1.900 exploitations agricoles engagées depuis 2009, "couvrant l'ensemble des grandes filières de production agricole françaises". Ces fermes représentent "un outil très important pour pouvoir évaluer ce que sont les bonnes pratiques pour diminuer le recours aux phytosanitaires", selon M. Le Foll.

Plus de 8.000 bulletins de santé du végétal ont également été publiés sur l'ensemble des régions grâce au réseau d'épidémiosurveillance mis en place en 2009, qui s'appuie sur 4.000 observateurs surveillant désormais 13.000 parcelles agricoles."Grâce à ce réseau, nous avons maintenant une base de données importante qui est une source d'informations qui va nous permettre d'améliorer les objectifs", estime M. Le Foll.

Autre mesure mise en avant par le ministère : plus de 200.000 professionnels ont déjà suivi une formation dans l'un des 364 organismes agréés à cet effet et ont ainsi obtenu leur Certiphyto, un certificat attestant "de connaissances suffisantes pour utiliser les pesticides de façon sécurisée et en réduire leur usage". 600.000 professionnels devront toutefois encore suivre cette formation avant le 1er octobre 2014. De même, l'ensemble des entreprises de distribution et de vente de produits phytosanitaires auprès des professionnels et du grand public devront obtenir leur certification avant le 1er octobre 2013, précise-t-il.

Si, durant ces trois dernières années, "nous n'avons pas observé durant la période d'effets nets et clairs de baisse du recours aux produits phytosanitaires" malgré "le constat d'un recul très net de l'ordre de 60% de l'utilisation des molécules les plus dangereuses qui est un objectif concret à poursuivre", M. Le Foll réitère "la nécessité de faire évoluer le plan Ecophyto vers plus d'efficacité". Cela passera par "une évolution des modèles de production", insiste-t-il.

Des résultats "très insatisfaisants" pour Générations Futures

Si l'ONG Génération Futures se félicite de la réaffirmation de l'objectif de -50% de l'usage de pesticides par le ministre, elle déplore en revanche "une nouvelle augmentation du NODU (nombre de doses unités pour les usages agricoles et non agricoles hors traitement de semences, ndlr) de 2,6% entre 2010 et 2011 à la fois dans les Zones Agricoles mais plus inquiétant, au regard des moyens engagés, dans les Zones non agricoles, là où la population est particulièrement exposée".
L'association constate également une augmentation des pesticides cancérigènes mutagènes reprotoxiques (CMR) "de niveau 3, T et T+ entre 2010 et 2011, ce qui n'est pas acceptable", fustige-t-elle. "Ces résultats sont très insatisfaisants. Nous demandons à ce que soit adopté une réelle redevance incitative forte pour contrebalancer le prix élevé des céréales et rendre rentable les systèmes à bas niveaux d'intrants", a déclaré François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

Réorienter le plan Ecophyto en cinq axes

Pour ce faire, le ministre propose de réorienter le plan Ecophyto en cinq volets. Il s'agit d'abord d'"améliorer les indicateurs" et de mieux préciser les objectifs par bassins de production et par type de culture au lieu d'avoir "un objectif global". Le ministre souhaite également développer la lutte biologique et le biocontrôle via "un soutien aux PME, aux initiatives techniques et à la facilitation de la délivrance des autorisations de mise sur le marché (AMM)" de ces techniques alternatives.

Autre mesure : la mise en place d'un groupe de travail pour plancher sur une fiscalité incitative, sur la base "moins on consomme [de pesticides], moins on paye". L'objectif étant de "faire évoluer la redevance sur les produits phytopharmaceutiques et de l'affecter aux démarches vertueuses". Les propositions sont attendues pour début 2013. Un autre groupe de travail va également être lancé visant à "améliorer le conseil donné aux agriculteurs" afin de "différencier le conseil sur un modèle de production" du "conseil sur l'utilisation de tel ou tel produit phytosanitaire", estime M. Le Foll. (Voir Vidéo). Ce groupe devra également rendre ses propositions début d'année prochaine. Enfin, le ministre entend renforcer les contrôles pour lutter contre les importations frauduleuses de produits phytosanitaires et la contrefaçon.

"Il faut garantir l'objectif de 50% de réduction des phytosanitaires d'ici 2018 mais la méthode, je le répète, changera pour faire passer le message de produire autrement et réussir cette durabilité pour l'agriculture", selon le ministre en citant notamment la pratique de techniques de conservation des sols. Et de conclure : "Alors que 2018, c'est dans six ans, nous cherchons à spécifier l'objectif de 50% par filière. Plutôt que d'être sur le contrôle de cet objectif, il faut qu'on passe à un contrat d'objectif pour créer une dynamique" chez les agriculteurs et ce, via, selon lui, la création "de groupements économiques et environnementaux" prévue dans la loi d'avenir pour l'agriculture attendue pour le 2e semestre 2013.

Réactions3 réactions à cet article

pour ma part suite aux durcissements du grenelle 2 de l'environnement sur les produits phytosanitaires et ce au regard de ma structure d'entreprise..j'ai annulé mon agrément..la raison..cout exhorbitant de l'organisme habilité pour l'agrément et les 2 audis/an cout 800€ minimun.. aux tarifs anormalement élevés ..par cela je suis persuadé que cela ne réduirera pas la réduction de 50% de produit phyto..et que l'usage continueront..sans aucun pouvoir de controle ni de déclaration..de plus l'apparrition de prédateurs et de végétaux envahisants reviendront en grand nombre dont il sera difficile de réduire,que le plan écophyto ne décolera pas par faute de manquement de communication (je le découvre ici c'est surprenant!!) de plus les moyens financiers pour relancer ou aider les petites et moyennes entreprises pour lancer ce plan ne suffiront pas car trop compliquer administrativement.....le mal est fait et il n'existera pas de traitement à ce point vue je pense..trop de réglementation tue et empeche le dévelloppement des PME..pas étonnant que les entreprises vont aussi à l'étranger...ou arrete définitivement ....je les comprend...

henri | 11 octobre 2012 à 07h57 Signaler un contenu inapproprié

La consommation totale en poids de phytosanitaires continuera à augmenter d'autant plus que le % de surface de vigne ou fruits et légumes bio augmentera : il faut tenir compte en effet qu'on substitue des produits organiques de synthèse employés en dizaines ou centaines de grammes à l'ha, par du sulfate de cuivre employé par kg à l'ha. C'est d'ailleurs cette possibilité de traitement chimique qui a facilité le passage en bio de tant de surface de vignes.
Les deux objectifs d'Ecophyto, diminuer de 50 % l'usage des phytosanitaires, et augmenter significativement la part des surfaces en bio, sont donc paradoxalement contradictoires.
C'est bien parce qu'elles ont capté ça d'emblée que les instances bio nationales ont voulu que la mesure de la baisse de l'usage des phytos se fasse sur la base d'un indice de fréquence de traitement inventé pour l'occasion (IFT) et non sur la base du poids de matière active à l'ha. L'ennui, c'est que Veillerette continue à parler en poids à l'ha. Ignorance ou duplicité ??

Agroculteur | 12 octobre 2012 à 10h20 Signaler un contenu inapproprié

Très bonne remarque sur le raisonnement en poids. Mais il faut toujours dramatiser, lancer l'alerte, etc. Vous comprenez bien que dénoncer est une raison d'être. Il y a des gens pour qui tout est complot et diabolisation. Quand je lis (INRA sur le bio et la prophylaxie des maladies du bétail) que l'élevage doit avoir des pratiques "naturelles", je me dis qu'il n'y a rien de plus anti-naturel que l'élevage.

Albatros | 12 octobre 2012 à 12h12 Signaler un contenu inapproprié

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