© Dalkia
La géothermie, la biomasse et même les eaux usées… Depuis quelques années, de nombreux procédés novateurs sont mis en place pour alimenter en chaleur les réseaux de chauffage urbains. Leur objectif, s'affranchir de la hausse constante du prix de l'énergie ainsi que de l'utilisation de ressources fossiles comme le fioul ou le gaz. Une prochaine étape technologique consiste à récupérer l'énergie issue de data centers.
Data-center, un nouveau mode de chauffage
En concertation avec le Syndicat d'agglomération nouvelle du Val d'Europe (San), Dalkia va ainsi construire un nouveau réseau de chaleur qui sera alimenté par une énergie de récupération provenant d'un data center d'un établissement bancaire. Une première en France. En effet, ces centres de données, constitués d'équipements informatiques puissants, sont de très gros consommateurs d'énergie, notamment pour être en permanence rafraîchis par des groupes de production de froid. Un data center de 10.000 m2 consommerait ainsi autant en électricité qu'une ville moyenne de 50.000 habitants. En outre, la consommation électrique de ces centres représente un coût important en termes financiers mais également un impact considérable sur l'environnement.
"Dalkia a donc eu l'idée de récupérer les volumes d'air chaud générés par les groupes de production de froid et de les valoriser au bénéfice du réseau de chaleur", explique Jean-Philippe Buisson, directeur Dalkia Ile de France. Habituellement perdue, la chaleur dégagée par les groupes froids et évacuée sous forme d'un air chaud sera récupérée par des échangeurs thermiques. En sortie d'échangeurs, une eau à 55 °C cheminera dans les canalisations du réseau du parc d'activités et assurera la production de chauffage et d'eau chaude.
Pour un développement territorial durable
Dans le cadre d'une convention signée avec les pouvoirs publics en 1987, Euro Disney s'est engagé auprès des acteurs locaux pour un développement durable et concerté de Val d'Europe. Ce partenariat unique veut favoriser un équilibre entre l'économie et l'environnement pour améliorer la qualité de vie. Ainsi, Val d'Europe est devenu petit à petit un territoire d'innovation à travers sa politique de développement urbain. Les nouveaux quartiers doivent donc tous répondre à un objectif général d'économie d'énergie, notamment en valorisant l'utilisation d'énergies renouvelables. A l'horizon 2015, des villages touristiques écologiques devraient voir le jour. Les eaux sanitaires ainsi que de baignade de ce nouvel ensemble touristique, porté par Euro Disney et pierre et Vacances, seront chauffées par de la géothermie profonde. Cela permettra de réduire de 85 % les rejets de CO2 du complexe par rapport à un village touristique du même type.
Par ailleurs, une chaufferie gaz de 5 MW a été prévue pour assurer l'alimentation du réseau en secours.
Un investissement estimé à 4 millions d'euros
La réalisation de ce projet a, par ailleurs, un coût important évalué à plus de 4 millions d'euros. L'établissement bancaire, propriétaire du data center et du bâtiment de 10.000 m2, a pris en charge 10 % de l'investissement, le reste étant à la charge du gestionnaire du réseau, Dalkia. En outre, la filiale de Veolia Environnement et d'EDF a entrepris des démarches pour obtenir une subvention du Fonds chaleur de l'Ademe, mais attend toujours la réponse de l'organisme.
Pour amortir ces investissements et réduire les frais de maintenance, la société bancaire a signé un contrat de 25 ans avec Dalkia qui rachète à bas prix la chaleur récupérée issue des groupes froids. Les abonnés, quant-à eux, bénéficient d'une tarification selon la puissance souscrite d'environ 8 centimes d'euros par kWh. "Ce tarif est moins cher que l'individuel électrique et légèrement supérieur au chauffage au fioul. Mais, le prix de cette énergie renouvelable restera très stable alors que celui des énergies fossiles risque d'encore progresser ces prochaines décennies", souligne Jean-Philippe Buisson.
Avec l'augmentation du nombre de data centers - 99 actuellement en France - et grâce à ce projet, dalkia espère convaincre d'autres propriétaires de centres informatiques de la pertinence de ce système. Plusieurs contacts ont déjà été pris, mais aucun nouveau projet de récupération d'énergie issue de data centers n'a encore été annoncé.