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Actu-Environnement

Un data center transformé en chaudière géante

Le premier réseau de chaleur alimenté par de l'énergie issue des centres de données informatiques verra le jour prochainement. A terme, ce réseau évitera les émissions annuelles de 5.400 tonnes de CO2. Zoom sur un procédé technologique prometteur.

Energie  |    |  C. Cygler
   
Un data center transformé en chaudière géante
Le réseau de chaleur de 4 km de long alimentera à terme jusqu'à 600.000 m2 de bâtiments
© Dalkia
   

La géothermie, la biomasse et même les eaux usées… Depuis quelques années, de nombreux procédés novateurs sont mis en place pour alimenter en chaleur les réseaux de chauffage urbains. Leur objectif, s'affranchir de la hausse constante du prix de l'énergie ainsi que de l'utilisation de ressources fossiles comme le fioul ou le gaz. Une prochaine étape technologique consiste à récupérer l'énergie issue de data centers.

Data-center, un nouveau mode de chauffage

En concertation avec le Syndicat d'agglomération nouvelle du Val d'Europe (San), Dalkia va ainsi construire un nouveau réseau de chaleur qui sera alimenté par une énergie de récupération provenant d'un data center d'un établissement bancaire. Une première en France. En effet, ces centres de données, constitués d'équipements informatiques puissants, sont de très gros consommateurs d'énergie, notamment pour être en permanence rafraîchis par des groupes de production de froid. Un data center de 10.000 m2 consommerait ainsi autant en électricité qu'une ville moyenne de 50.000 habitants. En outre, la consommation électrique de ces centres représente un coût important en termes financiers mais également un impact considérable sur l'environnement.

"Dalkia a donc eu l'idée de récupérer les volumes d'air chaud générés par les groupes de production de froid et de les valoriser au bénéfice du réseau de chaleur", explique Jean-Philippe Buisson, directeur Dalkia Ile de France. Habituellement perdue, la chaleur dégagée par les groupes froids et évacuée sous forme d'un air chaud sera récupérée par des échangeurs thermiques. En sortie d'échangeurs, une eau à 55 °C cheminera dans les canalisations du réseau du parc d'activités et assurera la production de chauffage et d'eau chaude.

Pour un développement territorial durable

Dans le cadre d'une convention signée avec les pouvoirs publics en 1987, Euro Disney s'est engagé auprès des acteurs locaux pour un développement durable et concerté de Val d'Europe. Ce partenariat unique veut favoriser un équilibre entre l'économie et l'environnement pour améliorer la qualité de vie. Ainsi, Val d'Europe est devenu petit à petit un territoire d'innovation à travers sa politique de développement urbain. Les nouveaux quartiers doivent donc tous répondre à un objectif général d'économie d'énergie, notamment en valorisant l'utilisation d'énergies renouvelables. A l'horizon 2015, des villages touristiques écologiques devraient voir le jour. Les eaux sanitaires ainsi que de baignade de ce nouvel ensemble touristique, porté par Euro Disney et pierre et Vacances, seront chauffées par de la géothermie profonde. Cela permettra de réduire de 85 % les rejets de CO2 du complexe par rapport à un village touristique du même type.
Né de l'engagement d'Euro Disney, de Dalkia et d'acteurs territoriaux, ce projet a été étudié depuis plus de trois ans et la phase de construction est en cours. Les premiers abonnés, surtout des entreprises du tertiaire, pourront être raccordés certainement au début de l'année 2012. Pour l'instant, un seul échangeur thermique d'une puissance de 2,4 MWt a été installé. Mais, avec la croissance du parc et l'implantation d'autres data centers, Dalkia souhaite mettre en place plusieurs échangeurs pour une puissance totale de 7,8 MWt. A terme, ce réseau de chaleur fournira 26.000 MWh par an pour chauffer près de 600.000 m2 de bâtiments. "Avec ce chauffage 100 % vert, 5.400 tonnes de CO2 seront économisées au final chaque année", se réjouit Jean-Philippe Buisson.

Par ailleurs, une chaufferie gaz de 5 MW a été prévue pour assurer l'alimentation du réseau en secours.

Un investissement estimé à 4 millions d'euros

La réalisation de ce projet a, par ailleurs, un coût important évalué à plus de 4 millions d'euros. L'établissement bancaire, propriétaire du data center et du bâtiment de 10.000 m2, a pris en charge 10 % de l'investissement, le reste étant à la charge du gestionnaire du réseau, Dalkia. En outre, la filiale de Veolia Environnement et d'EDF a entrepris des démarches pour obtenir une subvention du Fonds chaleur de l'Ademe, mais attend toujours la réponse de l'organisme.

Pour amortir ces investissements et réduire les frais de maintenance, la société bancaire a signé un contrat de 25 ans avec Dalkia qui rachète à bas prix la chaleur récupérée issue des groupes froids. Les abonnés, quant-à eux, bénéficient d'une tarification selon la puissance souscrite d'environ 8 centimes d'euros par kWh. "Ce tarif est moins cher que l'individuel électrique et légèrement supérieur au chauffage au fioul. Mais, le prix de cette énergie renouvelable restera très stable alors que celui des énergies fossiles risque d'encore progresser ces prochaines décennies", souligne Jean-Philippe Buisson.

Avec l'augmentation du nombre de data centers - 99 actuellement en France - et grâce à ce projet, dalkia espère convaincre d'autres propriétaires de centres informatiques de la pertinence de ce système. Plusieurs contacts ont déjà été pris, mais aucun nouveau projet de récupération d'énergie issue de data centers n'a encore été annoncé.

Réactions10 réactions à cet article

C'est hautement discutable non ? La tendance actuelle c'est de faire de l'informatique de moins en moins énergivore....et cela évolue super vite... au regard de la durée de l'engagement (contrat de 25 ans). Comment ils vont faire si le data center s'améliore en terme de consommation? Conserver les vieux processeurs énergivore juste pour avoir de la chaleur??
Ca me rappelle la logique des incinérateurs de déchets qui forcément pour fonctionner... ne favorisent surtout pas lé réduction à la source...

ecospam | 13 septembre 2011 à 16h25 Signaler un contenu inapproprié

C'est discutable certes mais si le ratio "puissance de traitement/dégagement de chaleur" s'améliore, le besoin en puissance de traitement et en volume de stockage ne va pas cesser d'augmenter. L'internet généralisé, le cloud computing etc, etc, dessine des tendances à long terme.
Je vois très bien comment réduire ma production de déchets, je vois beaucoup plus difficilement comment réduire ma consommation de données.

Yann | 13 septembre 2011 à 23h29 Signaler un contenu inapproprié

Paradoxe des temps moderne. Tout est question de tempo en effet. Sans doute que l'équation économique ne résistera pas à la durée du contrat et sans doute encore moins à l'évolution technologique des data centers. Mais que faire aujourd'hui sinon adapter les solutions vertes à notre mode de conso du moment ? Et dans le cas présent, nous sommes loin de la réduction à la source. On veut toujours plus de gigabits pour chatter 24h/24 sur l'écologie non ? En revanche on ne peut bien sûr que souscrire à l'idée d'inventer des installations "basse conso", mais dans combien de temps ? Pour la réduction des déchets à l'entrée des incinérateurs, l'expérience montre qu'une génération n'a pas suffit alors...

Sittellle | 13 septembre 2011 à 23h34 Signaler un contenu inapproprié

Une petite question qui revient à chaque fois avec la récupération de chaleur sur les groupes froid :

L'eau de départ est élevée à 55°C (ce qui est très faible pour un réseau de chaleur qui ne pourra alimenter que des logements équipés de planchers chauffants ou de radiateurs à chaleur douce), à quelle température l'eau de retour reviendra-t-elle ? 40°C ? Donc on va refroidir les groupes froid avec de l'eau à 40°C ? Quelle est l'influence sur le COP ?

Energy Manager | 14 septembre 2011 à 10h31 Signaler un contenu inapproprié

oui, d'autant + que ce n'est même pas rentable pour l'utilisateur, une pompe à chaleur basique produisant à 3-4 cents du kWh

fagatiem | 14 septembre 2011 à 10h39 Signaler un contenu inapproprié

Avant tout rectifions les propos de M. BUISSON qui parle "d"énergie verte" et "d'énergie renouvelable". Il s'agit de récupération d'énergie et non d'énergie renouvelable, à moins que le centre de calculs soit équipé de panneaux photovoltaïques et d'éoliennes, mais j'en doute. Le centre de calculs consomme donc 100 et l'on récupère X pour le chauffage des locaux, plutôt que de de consommer au total 100 + X.
Le point soulevé par Energy Manager est pertinent, mais j'espère que les études de faisabilité ont analysé les deux situations et que globalement les résultats ont démontré que le projet de récupération d'énergie était énergétiquement et éventuellement écologiquement plus favorable.

Jover | 14 septembre 2011 à 12h41 Signaler un contenu inapproprié

@ecospam: un des intérêts du réseau de chaleur est qu'il est flexible : si dans 10 ans une nouvelle source d'énergie plus pertinente apparaît, on change la chaufferie, mais tout le reste de l'investissement (les canalisations) continue de fonctionner. Donc si dans 10 ans ou 15 ans le datacenter ne fournit plus de chaleur, il sera toujours possible d'installer une grosse chaufferie bois (par exemple). Alors que si les bâtiments étaient construits en faisant un des 2 principaux choix alternatifs au réseau de chaleur, à savoir le chauffage électrique ou le chauffage au gaz, il serait difficile, dans 10 ans, de modifier les centaines voire milliers d'installations individuelles pour les remplacer par plus écologique ou plus économique.

Stéfan | 14 septembre 2011 à 16h11 Signaler un contenu inapproprié

Intéressant mais pourquoi ne pas s'attaquer à la racine du problème: le froid.
On peut limiter le rafraîchissement dans la conception du data center, puis penser au free-cooling et enfin au refroidissement adiabatique type coolea des data centers.

tom38 | 15 septembre 2011 à 08h45 Signaler un contenu inapproprié

@tom38: le problème n'est pas ni la climatisation du datacenter, ni le chauffage du quartier. Le problème est la quantité de gaz à effet de serre rejetée et la quantité d'énergie non renouvelable consommée, à l'échelle globale.

Il ne faut plus raisonner de façon cloisonnée, en considérant chaque bâtiment indépendamment de ce qui l'entoure.

Le raisonnement sur les flux permet en effet beaucoup plus de stratégies différentes pour concourir au même résultat visé, qui est la réduction des GES et des énergies non renouvelables consommées.

Recycler la chaleur rejetée par le datacenter pour assurer le chauffage d'un quartier peut coûter moins cher que de réaliser des efforts hors-du-commun pour éliminer les besoins de froid du datacenter. Les ressources financières n'étant pas infinies, il faut concentrer les moyens sur les mesures qui présentent la plus grande efficacité sur le plan environnemental global.

Stéfan | 15 septembre 2011 à 14h34 Signaler un contenu inapproprié

C'est pourquoi nous avons conçu un nouveau type de datacenter, Marilyn, qui permet un refroidissement en free cooling total. L'air chaud est récupéré pour le chauffage des bâtiments mais surtout il est refroidi 80% du temps par l'air ambiant. Ainsi le rendement énergétique est réduit à 1,3 et surtout la consommation électrique est réduite de 30% par rapport aux datacenters traditionnels. Marilyn est d'ailleurs le 1° datacenter écologique haute densité au monde et il est aussi à Marne-La-Vallée (Champs-sur-Marne)

CELESTE | 27 septembre 2011 à 12h42 Signaler un contenu inapproprié

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