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AccueilGuillaume DavidLe réseau électrique français va-t-il exploser ?

Le réseau électrique français va-t-il exploser ?

Guillaume David, président de la société Solstyce, nous propose un avis d'expert sur la nécessaire adaptation du réseau électrique français, afin de satisfaire l’évolution combinée des besoins du marché et du mix énergétique.

Publié le 30/07/2011

À en croire les gestionnaires de réseau français, ErDF ou RTE, la réponse est oui. Principale cause selon eux ? Le développement des énergies renouvelables, dites intermittentes, comme le photovoltaïque ou l'éolien, serait de nature à créer des coupures du réseau voire des « black out complets » en cas de production supérieure aux prévisions (Michelle Bellon, Présidente d'ErDF, article du Monde du 26 juin 2010).

Alors, faut-il stopper le développement des énergies alternatives pour protéger le réseau ? Naturellement non. Le réseau électrique français va vivre, sur les 30 années à venir, une véritable révolution, et le développement des énergies renouvelables n'en est qu'un signe tangible.

Une évolution inexorable du mix énergétique français

Aujourd'hui, le mix énergétique français repose sur :

  • Un parc nucléaire qui couvre 74% de la consommation française. Sa force : un coût de production faible. Sa principale faiblesse : une impossibilité d'adapter la production à la demande immédiate.
  • Un complément d'origine hydraulique, 12%, propre et adaptable à la demande immédiate ; les autres énergies renouvelables représentent 4% de la production.
  • Le solde, soit 11%, est principalement fourni par des centrales à charbon dont la production est parfaitement adaptable aux besoins immédiats.

Or, ce mix énergétique va inexorablement évoluer d'ici 2050.

Tout d'abord, la catastrophe Fukushima remet en question une stratégie énergétique majoritairement nucléaire. Il est difficile de prévoir son impact à court terme sur le territoire, mais il est évident que les certitudes dont se prévalaient jusque-là les pouvoirs publics sont ébranlées : réduction de la part du nucléaire ou sortie totale comme en Allemagne ? L'avenir le dira.

Le recours aux centrales à charbon comme « régulateur de la consommation » doit également être remis en question à moyen terme : la ressource s'épuise et l'impact écologique est totalement désastreux.

Quant à la production d'énergie d'origine hydraulique, la France tire déjà partie de son potentiel.

L'intégration des énergies photovoltaïques et éoliennes dans le mix énergétique est donc une nécessité. Ainsi la question qui est posée n'est pas de savoir si ces énergies sont en mesure de déstabiliser le réseau. La question est de faire évoluer le réseau pour prendre en compte ces nouvelles données d'entrée.

Les nouveaux besoins des consommateurs

La stabilité du réseau ne se limite pas à une maîtrise de la production. La consommation évolue également de son côté. Le développement du véhicule électrique1, qui n'en est qu'à son balbutiement, est un exemple intéressant.

Selon le Livre Vert rédigé par le Sénateur NEGRE et publié le 27 avril 2011, les véhicules électriques pourraient atteindre 2 millions d'unités d'ici 2020, soit 5% du parc français. Sur la base d'une consommation de 0,15KWh par km et d'une distance annuelle parcourue de 20.000 km, la consommation électrique associée aux véhicules électriques serait de l'ordre de 6.000 GWh/an, soit l'équivalent de la production annuelle d'une centrale nucléaire.

Dans son étude du 3 février 2011, le cabinet McKinsey prévoit dans son scénario « médian » une parité entre les véhicules électriques et thermiques en 2035. La consommation induite serait alors de l'ordre de 10 centrales nucléaires, soit 17% du parc français…

Au-delà des volumes, le point préoccupant concerne l'heure de la charge des véhicules, majoritairement entre 18h et 19h au retour du travail. Or, cet horaire est déjà un pic de consommation !

Un réseau électrique français qui doit évoluer

Le réseau électrique français devra évoluer pour trois raisons majeures :
1- l'évolution du mix énergétique français,
2- le développement des énergies alternatives,
3- l'évolution du besoin des consommateurs. Pour cela, plusieurs chantiers doivent être travaillés.

Tout d'abord le renforcement du réseau (câble, automates …) est impératif pour passer d'un schéma de production centralisé (nucléaire) à un schéma décentralisé (énergies renouvelables : photovoltaïque, éolien, hydroélectrique).

Les expérimentations relatives au SmartGrid (réseau intelligent) sont également prioritaires. L'idée du SmartGrid est notamment de permettre un pilotage en temps réel de la consommation électrique en fonction des données du réseau. Par exemple :
- en cas de sur-consommation sur le réseau, permettre d'éteindre automatiquement un appareil électroménager pour le remettre en marche 2 heures plus tard,
- par défaut, planifier la recharge d'un véhicule électrique à 22h et non au moment ou le véhicule est branché, à savoir 18h.

Des pistes prometteuses existent également en termes de stockage de l'énergie (hydraulique ou batterie), pistes qui permettraient par exemple de stocker l'énergie entre 12h et 15h (pic de production photovoltaïque) ou entre minuit et 6h du matin (production nucléaire et pas de consommation) pour la distribuer entre 18h et 19h, pic de consommation nationale.

La mutation est déjà en marche

Plusieurs démonstrateurs SmartGrid se développent en France. Par exemple, à Lyon, où l'idée est d'alimenter une flotte de véhicules électriques avec une énergie photovoltaïque produite localement et stockée par batterie. L'ensemble du dispositif est piloté par un système intelligent de communication et de gestion de l'énergie.

Aujourd'hui, de nombreux acteurs technologiques et économiques s'emploient à imaginer le déploiement sur les territoires de systèmes intelligents qui permettraient de fédérer producteur d'énergie / distributeur / consommateur autour d'un modèle vertueux. L'idéal à atteindre est celui d'une parfaite synthèse entre :
- une utilisation rationnelle de l'énergie : économie, mais également utilisation de l'énergie quand elle est disponible
- le maintien d'un équilibre économique acceptable : peut-on imaginer un prix de l'électricité variant en temps réel en fonction de l'offre et de la demande ?
- et la garantie d'un confort d'utilisation, auquel l'homme moderne n'est pas prêt à renoncer !

Guillaume David, Président de Solstyce

1 Dossier Actu-Environnement : L'électricité investit le marché automobile !
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/vehicules-electriques/vehicules-electriques.php4

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6 Commentaires

Hannicare

Le 01/08/2011 à 9h56

Pour une entreprise, le "big deal" a toujours été : S'adapter ou Mourir. Notre voisin allemand a, comme souvent, fait preuve d'une clairvoyance bien plus efficace sur ce point.
En France, nous qui sommes pourtant de plus en plus conciliant avec les acteurs de l'industrie, plus les avantages sont grands, plus la résistance au changement aussi...

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Roultabille

Le 01/08/2011 à 17h26

Faire confiance en GDF-Suez et sortir du monopole EDF qui ment, profite et exploite.

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Ecospam

Le 01/08/2011 à 18h12

Sur la question de la voiture élcetrique, je vous conseille le travail récent de Global Chance

Ou il est dit que c'est le raisonnement en puissance qui dimensionne les besoins... Avec qu'avec "seulement" 2 millions de véhicules en 2020, c'est déjà 6 GW de puissance appelée en recharge lente.... vous voyez le problème?

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Magali

Le 04/08/2011 à 3h53

question de candide : qu'est-ce-qui empêche de produire et consommer localement une partie de l'électricité générée par des sources renouvelables. est-on contraint à tout centraliser obligatoirement sur le réseau pour redistribuer ensuite avec toutes les difficultés exposées dans l'article ? moi, par exemple, je suis prête à mettre ma voiture sous une ombrière photovoltaIque le jour et recharger ma voiture la nuit ; çà gêne qui ??

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Diberg

Le 07/08/2011 à 10h58

Essayez d'envisager les energies de flux (dites "fatales) sous l'angle de consommateurs négatifs.......cherchez maintenant comment se régule la fréquence.......et vous constaterez qu'il s'agit d'économies d'énergies stockées : fossiles, nucléaire, hydraulique (éclusées) ou même biomasse.
Alors sans intétêt le photovoltaïque ou l'éolien ?

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Djer

Le 09/08/2011 à 9h19

Bonjour,
Comme beaucoup d' "experts", l'auteur mélange consommation et besoin, c'est un tort inacceptable à mon sens. D'autre part il utilise l'étalon "centrale nucléaire" à tort et à travers, c'est la marque du lobby hexagonal de l'atome. Pourquoi pas un étalon solaire ou éolien?

Il faut se calmer avec les véhicules électriques qui ne sont pas prêt d'apporter la même souplesse que les véhicules fossiles. batterie Lion 0,1 kWh/kg. Essence 10 kWh/kg...un rapport de 1 à 100.

Le stockage de l'électricité par air comprimé, l'hydraulique, la méthanisation, la micro cogénération , sont des techniques connues, fiables et éprouvées pour palier à l'intermittence de l'éolien/solaire

Enfin et surtout, la décentralisation et l'appropriation citoyenne de la production d'énergie sont absolument incontournables pour passer à la société solaire et reléguer nucléaire et fossile à leur place: dans une parenthèse pyromane de l'histoire.

Djer

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