Il y aura certainement un avant et un après.
Tandis que 2 nouvelles explosions se sont produites lundi 14 mars au niveau du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Fukushima n° 1, accidenté à la suite du séisme puis du raz de marée qui a touché le Japon vendredi, la situation est hasardeuse et pour le moins anxiogène.
Dans la nuit de dimanche à lundi une avarie a provoqué l'arrêt du système de refroidissement du réacteur n° 2 de la centrale de la préfecture d'Ibaraki, à 120 km au nord de Tokyo.
Au total, onze des 50 réacteurs nucléaires du Japon sont arrêtés depuis le séisme, provoquant une importante chute dans l'approvisionnement en électricité.
Défaut des systèmes de refroidissement
Les réacteurs de Fukushima ont été arrêtés depuis la perte d'alimentation des systèmes de réfrigération, normalement assurée en cas d'urgence par des générateurs diesel. Or sans refroidissement, le coeur du réacteur peut fusionner et commencer à couler au fond de l'enceinte de confinement à l'instar de la catastrophe de Tchernobyl.
La situation n'en est heureusement pas à ce point. La première explosion sur le site de Fukushima, samedi 12 mars, a été évaluée au niveau 4 sur une échelle de 0 à 7 des événements nucléaires et radiologiques (Ines), contre 5 pour celui de Three Mile Island aux Etats-Unis en 1979 et 7 pour celui de Tchernobyl. Toutefois, une fusion partielle est en cours comme le montre la présence de césium dans l'atmosphère après que la centrale ait relâché ses excédents de vapeur. A l'heure actuelle, et en dernier recours, l'eau de mer est utilisée pour refroidir le coeur.
Coupures de courant
Près de deux millions de foyers sont, ou ont été, privés d'électricité dans le nord du pays, où les températures sont hivernales. 1,4 million d'habitations n'ont plus d'eau courante. La compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) a d'ores et déjà reçu l'autorisation de planifier des interruptions locales par rotation, afin d'éviter que des régions entières ne soient coupées aléatoirement d'électricité de façon imprévisible. Jusqu'à la fin du mois d'avril, les habitants de Tokyo et des régions environnantes subiront ainsi des mesures « d'effacement » sur des durées de plus de trois heures.
La relance des programmes nucléaires en question
Déjà les opposants au nucléaire se font entendre dans le monde entier pour dénoncer les risques inconsidérés du choix électronucléaire. Autant Tchernobyl assumait l'image d'une centrale vieillissante dans une Union Soviétique à bout de souffle, autant le Japon est à la pointe de la technologie. Le pays s'est toujours préparé au risque sismique. Mais force est de constater que les mesures de précaution n'auront pas suffi à éviter tout incident nucléaire.
De quoi relancer le débat autour des programmes de relances nucléaires dans le monde, et notamment en Europe où plusieurs pays dont la France et l'Italie s'efforcent de faire reconnaitre le nucléaire comme énergie décarbonée au même titre que les énergies renouvelables. Si Nathalie Kosciusko-Morizet prévient que l'heure n'est pas au débat sur le nucléaire en France, l'eurodéputé Vert Daniel Cohn-Bendit a déjà demandé un référendum : ''On a va vous dire qu'il n'y a pas de risque de tremblement de terre en France, mais l'Italie veut construire un EPR […] on ne peut pas dire qu'il n'y aura pas de tremblement de terre en Italie et que la France ne sera pas concernée'', a t-il confié au journal Le Monde.