C'est officiel et quasiment contre toute attente : Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) est nommée ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement. Elle succède ainsi à Jean-Louis Borloo, celui-là même qu'elle avait secondé en assumant les fonctions de secrétaire d'État à l'écologie et qui, selon les rumeurs de l'époque, en avait demandé le "limogeage" suite à ses propos lors de l'adoption en 2008 du projet de loi sur les OGM.
Perte du titre de Ministère d'État : un aveu de faiblesse ?
Lors de la nomination du précédent gouvernement, la distinction de Ministre d'État avait été attribuée à Jean-Louis Borloo. Après avoir signé le pacte écologique de Nicolas Hulot, Nicolas Sarkozy se devait en effet en 2007, d'acter de manière indiscutable la place de l'écologie et du développement durable au sein de la société française.
Avec la nomination de NKM, le titre prééminent de ministre d'État n'est pas maintenu. Faut-il y voir une symbolique ? Certainement : les tergiversations des différents ministres et même du Président de la république autour des questions d'écologie n'ont cessé de s'amplifier ces derniers mois.
Pourtant, concrètement, les prérogatives d'un Ministre d'État ne sont guère beaucoup plus importantes que celle d'un Ministre du gouvernement. Il "ne" dispose en effet "que" du pouvoir d'organiser des réunions interministérielles, ce qui ressort normalement du Premier ministre. De plus, NKM est officiellement numéro quatre du gouvernement tout juste nommé.
Retour à Bercy de l'Énergie : sale temps pour les EnR
Si les technologies vertes, et les négociations sur le climat resteront certainement l'apanage de ce nouveau ministère du Développement Durable, plusieurs thématiques clé manquent bel et bien à l'appel. L'aménagement du territoire intègre le portefeuille de Bruno Le Maire, désormais ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l'Aménagement du territoire. L'Énergie retourne aux Finances et à l'Industrie, c'est-à-dire sous la responsabilité de Christine Lagarde et d'Éric Besson au ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, de l’énergie et de l’économie numérique.
Après le renforcement de la réglementation sur les éoliennes, le rapport Charpin, la nouvelle baisse des tarifs d'achat et le coup de rabot sur le crédit d'impôt sur le photovoltaïque dans le budget 2011, le retour à Bercy de la question de l'Énergie n'augure rien de bon pour les filières EnR. Déjà les associations dénoncent des manoeuvres et pressions, notamment des lobbies du nucléaire, autour de la constitution de ce nouveau gouvernement.
Dans tous les cas, c'est bel et bien un retour en arrière par rapport au programme de campagne de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, qui portait pour engagement de réunir au sein d'un seul et unique ministère "l'écologie, l’Énergie, les Transports, l’Équipement, [pour] donner la possibilité à l'Environnement d'intervenir et d'être responsable des administrations en charge des décisions stratégiques". Si Nicolas Hulot doit être heureux que NKM revienne à l'écologie, son souhait, pour qu'à l'occasion de ce remaniement, une nouvelle impulsion claire soit donnée en faveur de l'environnement, restera un vœu pieu ! Le périmètre de l'ex super-Ministère de l'Environnement est bel et bien reduit.
NKM : candidate idéale pour la concrétisation des lois Grenelle
Mais face à toutes ces questions en suspens, force est de constater que les compétences, le professionnalisme et les convictions de Nathalie Kosciusko-Morizet quant aux questions d'environnement et de développement durable sont reconnus et appréciés de tous. À l'heure de la concrétisation et du suivi des engagements des lois Grenelle, les compétences techniques de la nouvelle Ministre seront donc particulièrement pertinentes.
Il lui revient désormais de nous montrer que la perte de responsabilités directes sur l'Énergie et la Mer, et dans une moindre mesure du titre de Ministère d'État, ne constitue pas un frein au verdissement maintes fois promis de la société française.