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Pourquoi l'objectif de 10 % d'aires marines sous protection forte en 2022 ne sera pas tenu

Placer 10 % du territoire sous protection forte dès 2022. Cet objectif est loin de la réalité : seulement 1,6 % des aires marines sont bien protégées et la pêche destructrice continue à faire des ravages.

Biodiversité  |    |  L. Radisson
Pourquoi l'objectif de 10 % d'aires marines sous protection forte en 2022 ne sera pas tenu

Le 11 janvier dernier, le président de la République réaffirmait en grande pompe lors du One Planet Summit l'objectif de protéger 30 % des espaces terrestres et maritimes dès 2022 en France. La stratégie nationale présentée dans la foulée, accompagnée de son premier plan d'actions, précise que 10 % des espaces protégés feront l'objet d'une protection forte.

Si l'objectif de 30 % semble possible, voire même déjà atteint pour les aires marines, celui des 10 % sous protection forte semble totalement utopique compte tenu de la proximité de l'échéance et de la réalité des protections existantes. Plusieurs études, réalisées par le CNRS et des ONG, révèlent en effet un niveau de protection extrêmement faible, notamment du fait de pratiques de pêches très destructrices des milieux naturels.

Moins de 0,5 % des mers européennes protégées

Selon un rapport publié par l'ONG Oceana en décembre dernier, les aires marines protégées (AMP) européennes n'existent pour la plupart que sur le papier. Les chiffres avancés par l'association sont marquants. Moins de 0,5 % des mers européennes seraient réellement protégées grâce à une restriction des activités nuisibles à l'environnement. Autrement dit, 96 % du réseau des zones marines classées Natura 2000 autorisent au moins une activité industrielle ou extractive, ou une infrastructure. « Selon les normes internationales de l'UICN adoptées en 2016, ces aires ne devraient pas correspondre à la définition d'une AMP », relève froidement Oceana.

Et la France, prise indépendamment, n'est pas meilleure élève : 80 % de ses sites marins Natura 2000 sont affectés par au moins une des treize menaces (1) majeures recensées par l'ONG. Et ce mauvais état de protection ne résulte pas d'un constat isolé effectué par une association. Il est confirmé par une étude du CNRS qui doit être publiée en février dans la revue Marine Policy. À lire les résultats, on pourrait, dans un premier temps, croire la France exemplaire. Les auteurs constatent en effet que l'objectif des 30 % d'aires protégées est d'ores et déjà atteint.

“ En métropole, les niveaux de protection sont extrêmement faibles. ” CNRS
Mais lorsqu'on se penche sur le degré de protection, les chiffres deviennent alarmants. Il apparaît que seul 1,6 % de l'espace maritime français bénéficie d'un statut de protection forte. D'autre part, les scientifiques du Centre de recherche insulaire et observatoire de l'environnement ont constaté que 80 % de cette protection forte était concentrée dans les Terres australes et antarctiques françaises. « En métropole, les niveaux de protection sont extrêmement faibles », rapportent-ils. Le gap entre la protection théorique et la protection réelle est en effet abyssal. Selon cette étude, 59 % des eaux françaises méditerranéennes sont dans des AMP, mais seulement 0,1 % sont en protection haute ou intégrale. Les chiffres respectifs sont de 40 % et 0,01 % pour la façade Atlantique-Manche-Mer du Nord.

Préséance de la quantité sur la qualité

Comme le souligne Oceana, « durant cette dernière décennie, la course à la désignation d'AMP a impliqué la préséance de la quantité au détriment de la qualité, aboutissant à des AMP ne bénéficiant d'aucune gestion ».

Les notes de bas de page de la Stratégie nationale sur les aires protégées ne sont pas là pour rassurer sur ce point. Si le document affirme que 10 % du territoire seront couverts par des zones de protection forte d'ici 2022, il précise dans le même temps qu'elles « seront effectivement gérées en 2030 ».

« Il existe, reconnaît la stratégie, une distinction entre la création, qui est l'acte juridique ou d'acquisition foncière, et la gestion effective qui est le fait de disposer de tous les attributs d'une zone effectivement opérationnelle, matérialisée par exemple par : une équipe, des moyens, une gouvernance, un plan de gestion ou équivalent, des dispositifs de contrôle et d'évaluation ». Et plus explicitement : « Plusieurs mois ou années peuvent s'écouler entre ces deux phases ».

Méthodes de pêche destructrices

De plus, quand les zones sont gérées, les mesures prises ne sont pas toujours adaptées. Plutôt que protéger l'écosystème dans sa globalité, relève Oceana, de nombreuses AMP visent seulement « un résultat de minium légal de protection » pour un nombre limité d'espèces ou d'habitats, sans stopper les activités destructrices comme le dragage ou la pêche.

Sur ce dernier point, France Nature Environnement (FNE) dévoile ce 26 janvier une carte révélatrice. Elle comptabilise le nombre d'heures de pêches dans les AMP du golfe de Gascogne. Verdict de l'ONG : « On pêche presque autant dans les aires marines protégées du golfe (…) qu'en dehors. Et avec les mêmes méthodes de pêche destructrices ». Quatre méthodes sont dans le collimateur de FNE : le chalut pélagique et les filets maillants qui capturent de nombreuses espèces non cibles, dont les dauphins, et le chalut de fond et la pêche à la drague qui détruisent les fonds marins.

Pourtant, selon le rapport de référence de l'IPBES de mai 2019, la principale cause de dégradation des océans est bien la surpêche et les méthodes de pêches destructrices. Ce qui explique sans doute les très mauvais indicateurs portant sur la biodiversité marine. « La France dispose du deuxième espace maritime le plus grand au monde… et seulement 6 % des espèces marines d'intérêt européen y sont en bon état de conservation ! », déplore Élodie Martinie-Cousty, pilote du réseau Océans, mers et littoraux de FNE.

« Pour mettre fin à l'érosion de la biodiversité marine et accroître la résilience des océans face au changement climatique, les pressions engendrées par les activités humaines doivent être supprimées ou réduites au minimum dans au moins 10 % de chaque façade maritime et bassin ultramarin », estime Mme Martinie-Cousty.

Un chiffre qui correspond à celui annoncé par le Gouvernement, mais avec une acception sans doute un peu différente.

1. Zones de mouillage, fermes aquacoles, dragage, décharge des résidus de dragage, pêche, puits de forage de pétrole et de gaz, installations pétrolières et gazières, trafic maritime, autres plateformes, ports, pipelines sous-marins, câbles sous-marins et parcs éoliens

Réactions10 réactions à cet article

Comme j'ai déjà dit sur d'autres forum, on a ces immenses champs d'éoliennes qui ne pouvant être chalutées, bon point pour la diversité marine qui peuvent être classées réserves, et bonne occasion de clouer le bec aux détracteurs qui en général ne sont pas natifs du coin.
Pour piquer de l'espace marin vers les plages c'est pas gagné, en disposer de plus de 10 km comme le village de ma famille et exceptionnellement rare.
2 à 4 km à partir de merlin plage avec la dune et forêt jusqu'au marais est possible, puisque ces grands hlm ne servent que 3 semaines par an, en gros jusqu'à 1600 ha sans gêner personne, rajoutant les 8300 ha du champ d'éoliennes de l'île d'yeu, en tout 10000ha pour la biodiversité sans dépenser beaucoup d'argent.

pemmore | 27 janvier 2021 à 10h53 Signaler un contenu inapproprié

Qui sont les responsable de la pêche destructives: les chalutiers chinois, russes, Japonais etc qui moyennant un petit magot aux gouvernants ds pays africains pillent toute leur côte poissonneuse et leur enlèvent leur moyen d'existence. Que font les OGN pour défendre ces pays plutôt que se s'attaquer à la France qui a la chance d'avoir une ministre de l'écologie : Pompilis. N'est pas du racisme que d'oublier la détresse africaine pour ne s'intérresser qu'aux pays blancs?

le papet | 27 janvier 2021 à 12h10 Signaler un contenu inapproprié

On va voir dans 5/10 ans (plutôt 10 ans) si les champs d'éoliennes font revenir de la biodiversité et permettent aux pêcheurs locaux d'améliorer le volume de leurs prises et penser à en installer dans les pays africains, en général tout comme brise de terre et brise de mer chez-nous, les alizés sont continuels et niqués Chinois et autres néobarbaresques, lol!

pemmore | 27 janvier 2021 à 13h44 Signaler un contenu inapproprié

Ben voyons, le papet : s'il y a surpêche et pratiques illégales, hop !, les coupables sont tout désignés : les autres nationalités (l'article traite exclusivement de la situation des eaux territoriales françaises mais vite, tentons de noyer le poisson avec ce qui se passerait ailleurs ; tiens, au hasard : en Afrique...) et les ONG (qui commettent le crime impardonnable de mettre le doigt là où ça fait mal) !
Un véritable morceau choisi de mauvaise foi que vous nous avez concocté, si ce n'est de pure désinformation façon fake news.

Pégase | 27 janvier 2021 à 14h01 Signaler un contenu inapproprié

Désolé Pegasse, j'ai travaillé en Afrique comme géologue professionnel de terrain pour offrir de l'eau potable aux pays africains, je ne suis pas nombriliste sur nos petits problèmes franchouaillards par rapport à la détresse africaine dans les quelles les OGN vont se payer des vacances exotiques sous prétextes de leur apprendre la bonne civilisation occidentale.

le papet | 27 janvier 2021 à 14h36 Signaler un contenu inapproprié

Le papet, il est présomptueux de votre part de vous penser expert de l'écologie maritime d'un continent parce que vous y avez été géologue. Cela dit il est vrai que la pêche illégale au large de l'Afrique de l'ouest est mise au crédit des nations que vous citez mais votre véhémence à l'encontre des ONG est surprenant puisque ce sont elles qui fournissent ces informations. Et ce sont-elles encore qui amarrent des bateaux pour chasser ces braconniers. Je parle de Greenpeace et Sea Shepherd.


De manière générale, la réthorique "ils devraient... plutôt que..." est malhonnête. S'attaquer à un front n'implique pas de renoncer aux autres.

bIBU | 28 janvier 2021 à 14h39 Signaler un contenu inapproprié

mon cher bIBU
Effectivement je n'aime pas les ONG qui déresponsabilisent les gouvernements africains de leur charge de gestion de l'aménagement de leur territoire. Cela fait 60 ans qu'ils sont indépendants, et les villages sont toujours dans la misère. ces pays comptent sur ces OGN pour faire leur travail. je suis effrayé de voir le nombre d'ONG présente en Haute Volta. j'ai été en Afrique avant l'indépendance, j'y suis retourné avec le BRGM pour installer des forages et des pompes, et j'y retourne actuellement comme retraité en voyage et avec une OGN. Beaucoup de ces ONG s'occupent de faire des forages sans avoir aucune formation d'hydrogéologue et ne veulent pas de conseils!!!!!!!

le papet | 28 janvier 2021 à 15h08 Signaler un contenu inapproprié

le papet, je vous comprends parfaitement. J'ai moi même travaillé au Togo quelques temps, les ONG y sont pléthores au point d'être devenu un synonyme d'"entreprise pour le développement". Un moyen pour les jeunes de gagner leur vie, d'attirer l'argent et le savoir-faire d'occident mais aussi de compenser autant que faire se peut les défaillances des dirigeants.
Mais pour en revenir au sujet de l'article, comment blâmer les gouvernements d'Afrique lorsque nos eaux territoriales françaises sont visiblement insuffisamment protégées. Alors qu'on a moins de corruptions, plus de moyens et moins de pêche illégale ?

bIBU | 28 janvier 2021 à 16h21 Signaler un contenu inapproprié

C'est pourquoi je milite pour les champs d'éoliennes, 86 ha de perdu pour les chaluts à chaque fois, donc des aires de reproduction actives.
En tant qu'ancien poissonnier, je sais très bien ce qui s'est passé, c'est à cause de l'Europe ou on a été obligé de partager nos territoires de pêche avec les Espagnols, fin des années 70 une pêche moyenne aux Sables environ 110 tonnes parfois 200 retour du nord , années 80 15 tonnes, quand à Croix de Vie, plus d'anchois, commerce millénaire, plus de sardines quelques malheureuses tonnes à la place des 15 voire plus si ceux de Port Joinville descendait, on savait tous ce qui allait nous arriver "ils avaient entièrement ravagé leurs côtes et attendaient les notres.
La pêche en boeuf est la pire invention en matière halieutique, mais pas en cours à l'époque par les pêcheurs français.
Ma maman a connu ces solides marins croideviots à bord de leurs bâteaux à voile typiques et pêche côté, les bancs pas bien loin, à pas plus d'une 1/2h ils sortaient plus de poissons à l'époque.
Il faudrait interdire le golfe de Gascogne pour tout le monde pendant 5 ans le temps que ça se regénère.

pemmore | 28 janvier 2021 à 18h36 Signaler un contenu inapproprié

10 % AIRES MARINES :
Surtout avec toutes les éoliennes prévues sur nos côtes de la mer du nord à la manch, à la côte atlantique et la méditerranée
Hervé Texier

Triganço | 28 janvier 2021 à 23h02 Signaler un contenu inapproprié

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