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Biodiversité : aucun des vingt objectifs d'Aichi n'est atteint

En 2010, les États membres de la convention sur la diversité biologique se donnaient vingt objectifs à atteindre d'ici 2020. Le bilan final des Nations unies montre qu'aucun d'entre eux n'a été pleinement atteint.

Biodiversité  |    |  L. Radisson
Biodiversité : aucun des vingt objectifs d'Aichi n'est atteint
Actu-Environnement le Mensuel N°408
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°408
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Alors que le cadre mondial de la biodiversité pour l'après-2020 doit être adopté lors de la COP 15 à  Kunming (Chine) en mai 2021, l'ONU publie le 5e rapport (1) sur les Perspectives mondiales de la diversité biologique (GBO-5). Ce document (2) établit un état mondial de la nature qui doit servir de base scientifique à ce nouveau cadre.

« L'humanité se trouve à la croisée des chemins en ce qui concerne l'héritage que nous souhaitons laisser aux générations futures », avertit Élizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive de la convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB). Une façon diplomatique de dire que le bilan final des vingt objectifs mondiaux de 2010 en matière de biodiversité, plus connus sous le nom d' « objectifs d'Aichi », est catastrophique. Et qu'un changement de cap doit être engagé de toute urgence pour « sauver la planète ».

Un soutien de 500 Md$/an aux activités nuisibles à la biodiversité

Selon les rapports nationaux remis au secrétariat de la CDB et les dernières découvertes scientifiques, seulement sept des 60 critères de réussite des objectifs ont été atteints. Soit moins de 12 %. Globalement, seuls six objectifs sur vingt ont été partiellement atteints.

Quelques points positifs sont mis en avant, mais ils sont très minces. C'est le cas d'actions exemplaires qui ont permis de ralentir l'extinction de certaines espèces. Les quelques « réussites » concernent l'identification des espèces exotiques envahissantes, le pourcentage d'espaces protégés, l'élaboration de stratégies nationales pour la biodiversité, l'amélioration de la connaissance sur la biodiversité, ou encore l'aide publique au développement. Mais ces réussites ne sont que partielles car, dans le même temps, les objectifs associés, liés à la qualité des zones protégées, au partage des connaissances ou à une augmentation homogène des ressources financières, ne sont pas atteints. On est donc très loin d'une reconquête.

Pire, pour quinze critères, aucune amélioration n'a été constatée. Ainsi, les subventions nuisibles à la biodiversité l'emportent de loin sur les incitations positives dans des domaines tels que la pêche ou le contrôle de la déforestation. Le soutien aux activités nuisibles à la biodiversité s'élève à 500 milliards de dollars (Md$) par an alors que les ressources dédiées chaque année à sa protection sont comprises entre 78 et 91 Md$. L'incidence de l'utilisation des ressources naturelles demeure bien au-delà des limites écologiques sûres. Le déclin des zones de nature sauvage et des zones humides se poursuit à travers le monde, la fragmentation des rivières étant qualifiée de « menace grave pour la biodiversité de l'eau douce ». Quant à la pollution par les engrais, les pesticides et les plastiques, elle « continue d'être un facteur important de perte de biodiversité ». Les pressions anthropiques sur les récifs coralliens et d'autres écosystèmes vulnérables continuent de s'exercer via les changements climatiques et l'acidification des océans.

Les espèces se rapprochent de l'extinction

Un tiers des stocks de poissons marins fait l'objet d'une surpêche. Une proportion plus élevée qu'il y a dix ans. Et de nombreuses pêcheries ont des impacts marqués sur des espèces non ciblées et endommagent les habitats marins. « En moyenne, les espèces continuent de se rapprocher de l'extinction », rapporte froidement le résumé du rapport à l'intention des décideurs, corroborant les conclusions du rapport Planète Vivante du WWF publiées le 10 septembre. Les auteurs chiffrent à 23,7 % les espèces menacées d'extinction si les facteurs de perte de biodiversité ne sont pas réduits de manière drastique. Ce qui correspond au million d'espèces menacées identifiées par l'IPBES (3) dans son évaluation de l'état mondial de la biodiversité publié en mai 2019.

“ Les systèmes vivants de la Terre dans leur ensemble sont en danger  ” Élisabeth Maruma Mrema
« La diversité génétique des plantes cultivées, des animaux d'élevage et domestiques, et des espèces sauvages apparentées, continue de s'éroder », rapportent les auteurs. La capacité des écosystèmes à fournir les services essentiels dont dépendent les sociétés, qu'il s'agisse de pollinisation, d'alimentation ou de médecine, continue parallèlement de décliner.

« Fixer des objectifs simples »

Face à ce constat pour le moins inquiétant, les Nations unies appellent à un changement de cap de tout urgence. Le rapport décrit les transitions qui s'imposent dans huit domaines : terres et forêts, agriculture durable, systèmes alimentaires durables, pratiques de pêche et océans, villes et infrastructures, eau douce, approche « un monde, une santé ».

« Beaucoup de choses positives se produisent à travers le monde, il faut les souligner et les encourager. Néanmoins, le rythme de la perte de biodiversité est sans précédent dans l'histoire de l'humanité et les pressions sur le monde naturel s'intensifient. Les systèmes vivants de la Terre dans leur ensemble sont en danger », alerte Élisabeth Maruma Mrema. « À mesure que le monde naturel se dégrade , poursuit la secrétaire exécutive de la CDB, de nouveaux risques de propagation de maladies dévastatrices entre les humains et les animaux, comme le coronavirus de cette année, se présentent ».

Reste à découvrir ce qui permettra de réussir aujourd'hui ce qui ne l'a pas été hier. « Il faut fixer des objectifs simples pour réussir la mobilisation », expliquait Yann Wehrling en 2019 à l'orée des grands rendez-vous internationaux sur la biodiversité.  « Les objectifs d'Aichi, certes très justes, n'étaient pas très lisibles pour les parties prenantes et encore moins pour l'opinion publique. Il faudra fixer moins d'objectifs mais les rendre plus clairs, plus "appropriables", comme par exemple le nombre d'hectares d'habitats naturels ou d'espèces à préserver, ou le "zéro perte nette de biodiversité" », détaillait l'ambassadeur français délégué à l'environnement.

Cette approche nécessite aussi de mobiliser les acteurs non étatiques et de mettre au point des référentiels partagés de mesure de leur empreinte sur la biodiversité. Du côté des États, et avant même le grand rendez-vous de la COP 15, le sommet des Nations unies sur la nature du 30 septembre prochain permettra de savoir quel accueil ils vont réserver à ces conclusions.

1. Télécharger le Global Biodiversity Outlook 5 (GBO-5, en anglais)
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-36098-gbo-5.pdf
2. Télécharger les Perspectives mondiales de la diversité biologique 5 (version française)
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-36098-gbo-5-francais.pdf
3. Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques

Réactions13 réactions à cet article

On ne résout pas un problème avec les modes de pensées qui l'ont engendré » Albert EINSTEIN

Ils ne peuvent pas comprendre le problème parce qu'ils font partie du problème !

la base de la vie sur terre c'est l'eau et la photosynthèse, ce sont les continents qui ont besoin d'eau et de photosynthèse (les mers se débrouillent très bien) alors végétalisons au maximum l'été au lieu de regarder l'eau couler sous les ponts l'hiver !

les sécheresses ne sont pas une fatalité mais le résultat logique d'une très mauvaise gestion de l'eau

les sécheresses ne sont pas une fatalité mais le résultat logique d'une très mauvaise gestion de l'eau

Les arbres assurent de façon autonome (et depuis des millions d'années) le bon fonctionnement du cycle de l'eau parce qu'ils assurent une évaporation proportionnelle à la chaleur et donc régule parfaitement le climat. Plus il fait chaud plus la végétation transpire, la quantité de vapeur d'eau dans l'atmosphère augmente et limite la puissance du rayonnement solaire qui arrive jusqu'au sol (effet parasol) . Quand la température baisse la quantité de vapeur d'eau diminue (par condensation ) et les sols reçoivent un peu plus d'énergie solaire. Ce système s'autorégule tant qu'il y a de l'eau et donc de la végétation dans les bassins versants. C'est pourquoi les zones tempérées de la planète sont couvertes d'eau ou de végétation; c'est pour cela aussi que les déserts sont caractérisés par le manque de végétation et de fortes crues dès qu'il pleut !

laurent | 16 septembre 2020 à 09h06 Signaler un contenu inapproprié

Pour la pêche l'interdiction mondiale de la pêche au chalut devrait être votée à l'ONU, donc destruction des chalutiers, retour aux pêches côté, et évidement la pêche en boeufs spécialité espagnole et asiatique.
Interdiction de fabriquer et commercialiser chaluts et accessoires et construction de chalutiers, retour aux lignards et filets plus classiques. Bien sur la dépose d'objets destructeurs de chaluts au fond de la mer serait un plus car les zônes interdites de pêche sont faciles à traverser rien ne les protège.

pemmore | 16 septembre 2020 à 10h51 Signaler un contenu inapproprié

C'est très représentatif de voir ce qui est noté comme "réussites" : l'identification..., l'élaboration de stratégies ..., l'amélioration de la connaissance...
Aucun (ou pas trop de) souci tant qu'il s'agit d'analyser, compter, inventorier, mais dès qu'il faut passer aux actions, c'est pour plus tard.
Encore 10 ans de perdus, mais nul doute qu'une nouvelle convention va être créée pour prendre des engagements sur les 10 prochaines années.

FV77380 | 16 septembre 2020 à 10h54 Signaler un contenu inapproprié

Encourager les quelques "invariants" suivants pour poursuivre et soutenir le travail de fond, les efforts des centres de recherche, des associations scientifiques, ... dans la démarche : Observer, mesurer, modéliser et boucler...

Publier, expliquer, former en conservant un plan:
références biblio, hypothèse et définition du pb, moyens, méthodes, résultats, discussion, conclusion

Respecter simplement les méthodes scientifiques dans leurs recherches d'indépendance... relativiser les croyances et en séparer les affirmations non fondées... les replacer alors en hypothèse... et demander de fournir un travail avec le recensement des moyens, méthodes, résultats, discussions qui aboutissent à cette croyance

S'appuyer sur un cadre qui simplifie le discours, lister le plus souvent les forces actives, les pressions, les états, les impacts, les solutions pour les problèmes écologiques... que l'on retrouve sous d'autres formes en mécanique par exemple: géométrie, conditions aux limites, forces extérieures, comportement local, sortie des résultats...

MMM | 16 septembre 2020 à 11h02 Signaler un contenu inapproprié

Le plus grand drame écologique se passe maintenant, sud usa, Australie.
Question: ça a servi à quoi de voler ces terres, tué les autochtones et ne pas en prendre soin, c'est comme voler un scoot et le jeter dans le canal, c'est tout aussi dégueu.
C'est pas compliqué avec les machines modernes de créer des pare feux nous le faisons bien , sauf dans le sud est personne n'est parfait,snif!, mais dans les pays de la Loire, les landes etc oui, sinon tout aurait cramé!
Ils ont l'air malin les américains avec leurs cabanes en planches à 300000 dollars!
Encore des tonnes de c02, bravo la pollution!
On leur a pas expliqué que le béton c'est moche mais ça crame pas et qu'il restera toujours quelque chose,
La plus grande démocratie au monde n'est même pas capable d'imposer des logements fiables dans des zones à risque!

pemmore | 16 septembre 2020 à 12h58 Signaler un contenu inapproprié

@pemmore : en France l'INRA et l'ONF ont fait planter massivement des conifères en guise d'adaptation au changement climatique ... bilan de cette magnifique opération les forestiers perdent tous leurs investissements et nos impôts financent des canadairs ! tous les ans en France des milliers d'hectares partent en fumée !
nos chercheurs travaillent sur ordinateurs et plus sur le terrain, c'est dramatique !

laurent | 16 septembre 2020 à 15h30 Signaler un contenu inapproprié

@laurent,
quand nous on perd 200 ha c'est un drame, dans le midi une fumette, l'incendie peut parcourir une montagne entière sans croiser le moindre pare-feu, les fumeurs et les pyromanes sont à la noce.

pemmore | 16 septembre 2020 à 18h23 Signaler un contenu inapproprié

...hum, 1-partons des écologues, des naturalistes, des techniciens... de terrain, qui observent, comptent, mesurent sur le dit terrain ce qui se passe sans trop perturber... passons par ceux qui ensuite reprennent ces données, les interprètent pour en déduire si ces observations sont d'abord suffisantes, publient l'ensemble des résultats, avec des incertitudes, des dispersions, en répertoriant les moyens, méthodes, proposent une discussion ouverte, tentent des conclusions... pour construire, offrir une base de raisonnement, pour définir des scénarios climat-biodiversité, souvent des jeunes Bac + xx, formés dans l'ombre, payés x... 2-réfléchissons à n'importe quels présidents de quelque chose,jeunes ministre, commentateur, animateur, membre de Think Tank, qui de leur côté savent trop vite, parlent trop fort, tranchent trop, décident trop, consomment trop leur part de terre... 3-ces premiers surveillants de terrain à Bac + xx, ayant acquis un métier, ainsi rejoignent, comprennent sans problème les Gj, les soignants, ceux qui ont aussi acquis une métier, pour cultiver, maçonner, raboter, mouler, opérer, défendre, instruire... ceux qui font, en opposition à ceux qui font faire faire faire...

MMM | 16 septembre 2020 à 18h57 Signaler un contenu inapproprié

@pemmore : la fumée des incendies de forets aux USA devrait parvenir jusqu'en France, l'hiver dernier c'était l'Australie, et chez nous après la sécheresse il faudra s'attendre à de très graves inondations ... le covid nous a fait oublier l'urgence climatique !

laurent | 17 septembre 2020 à 08h21 Signaler un contenu inapproprié

Mon souhait : que chacun soit conscient de ce que nous perdons, de ce que nous risquons et agisse toujours autant que possible, pour le plus grand bien de toute vie, dans notre biosphère. Je m'interroge sur la nature humaine. Pourquoi un comportement si destructeur? L'ego? et pourquoi l'ego? pour compenser ses frustrations? D'où viennent-elles? Marketing, injonctions sociales, besoin instinctif de séduction pour assurer sa descendance? Les psychologues, psychiatres, philosophes ne peuvent-ils vulgariser davantage et donner ces clefs de compréhension qui pourraient permettre de décoloniser notre imaginaire? Notre espèce va droit dans le mur. Darwin avait démontré (je crois savoir, à vérifier), qu'une espèce qui réussi trop bien est une espèce qui peut s'éteindre.

Nicolas Guary | 27 septembre 2020 à 16h44 Signaler un contenu inapproprié

Quand on voit l'occupation des Malgaches à détruire ce qui fut notre plus belle colonie, mon instit métis malgache/métro n'hésitait pas à l'appeler une 2ème France, ben avec le covid ça s'est encore accéléré , la forêt primaire s'est encore ratiboisée, et c'est pas une destruction avant de mettre des cultures, mais on laisse le désert c'est tout. Mada n'est plus, dommage.
Quelque part nous sommes sans doute sans nous rendre compte identiques à ces gens qui pour une somme ridicule piétinons ce que nous tous possèdons en commun, avec parfois quelques petites réactions comme notre Dame des Landes, mais vite oubliées.

pemmore | 28 septembre 2020 à 00h21 Signaler un contenu inapproprié

un des signes précurseurs de la désertification ce sont les inondations ... soyez attentif à la forte dégradation météo qui arrivera sur la façade ouest de la France à partir du jeudi 1er octobre 2020.
Une pluie même forte n'est pas un raz de marée mais elle le devient automatiquement quand on ne régule pas les ruissellements en amont des bassins versants. Depuis plus de 30 ans les climatologues disent bien, qu'avec le dérèglement climatique, il n'y aura pas moins d'eau mais une dégradation de la répartition annuelle des pluies : inondations l'hiver et sécheresse l'été, exactement le scénario qui s’installe durablement en France et partout dans le monde. En France la menace vient de l'eau des terres et pas de la submersion des mers !

laurent | 28 septembre 2020 à 08h44 Signaler un contenu inapproprié

Nicolas Guary : il y a une chose que vous n'avez pas mentionnée: le fric! C'est ce qui mène le monde, du moins les financiers (qui ont tout pouvoir) et ceux qui nous gouvernent, qui sont à leur botte; mais aussi le citoyen moyen , qui fait souvent des choix financiers désastreux plutôt qu'écologiques. C'est pourquoi il convient d'être très pessimiste sur le devenir de l'humanité, la Planète , elle, s'en remettra , elle ne nous a pas attendu.

gaïa94 | 04 octobre 2020 à 17h22 Signaler un contenu inapproprié

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